Antéchrist et transhumanisme : l'interview déjantée de Peter Thiel avec le New York Times – et les réactions qui en ont découlé

Le chroniqueur du New York Times, Ross Douthat, a présenté Peter Thiel dans son podcast « Interesting Times ». De nombreux auditeurs ont réagi avec consternation en ligne. Certains ont qualifié Thiel de fou, de radical ou de paranoïaque.
Par exemple, le collègue de Douthat, le journaliste et commentateur politique américain Ezra Klein, a écrit sur Reddit : « Peter Thiel est bien plus fou que je ne le pensais. » Stephanie von Behr , vice-présidente d'ACE Alternatives, déclare : « Il est complètement à côté de la plaque... c'est effrayant. »
Guillerme Flor, investisseur chez GoHub Ventures, ne sait pas quoi penser de l'interview. « Peter Thiel vient de donner l'interview la plus époustouflante et la plus déjantée que j'aie jamais entendue. Elle est tellement radicale que je ne sais toujours pas quoi en penser, si ce n'est que tout le monde devrait l'écouter », écrit-il sur LinkedIn .
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Nous avons résumé les sept points clés de la conversation.
Peter Thiel maintient sa thèse selon laquelle le progrès technologique a perdu beaucoup de son élan. Il y a quatorze ans, il a publié un essai intitulé « La fin du futur » dans la revue conservatrice « National Review ».
Il affirme que, même si le monde n'est pas encore complètement « bloqué », l'accélération des siècles passés est terminée. Entre 1750 et 1970, d'énormes progrès ont été réalisés dans les domaines des transports, de l'énergie et des voyages spatiaux.
Aujourd'hui, affirme-t-il, le progrès se fait presque exclusivement dans le monde numérique, notamment dans les logiciels, Internet ou l'IA. Les évolutions culturelles, telles que les préoccupations environnementales, l'hostilité des institutions à l'innovation et, surtout, le manque d'ambition de la société, en sont la cause.
Thiel a soutenu Donald Trump lors de la campagne électorale de 2016, moins par conviction profonde que par désir de susciter un débat social sur le déclin des États-Unis. Pour lui, Trump représentait avant tout une chose : une rupture radicale.
Aujourd'hui, cependant, il semble désillusionné. « Avec le recul, c'était un fantasme absurde », dit Thiel. Il décrit l'engagement politique comme toxique et inefficace, oscillant entre retrait et influence.
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Thiel appelle à une plus grande volonté de prendre des risques dans la recherche et la société. En biotechnologie notamment, affirme-t-il, il faut abandonner les vieilles théories qui ont échoué – par exemple, la recherche sur la maladie d'Alzheimer, qui stagne depuis des décennies.
Il prône la légalisation des thérapies expérimentales. Il soutient qu'il faut, de manière générale, moins de réglementation et plus de volonté d'expérimenter, comme c'était courant au début de l'ère moderne.
Pour Thiel, l'intelligence artificielle n'est pas une panacée. C'est plus que rien, mais moins qu'une transformation totale de la société – comparable à l'essor d'Internet dans les années 1990, qui a entraîné une croissance de quelques pour cent, mais aucun changement fondamental.
Il critique l'obsession de la Silicon Valley pour le QI. Il soutient que l'échec du progrès n'est pas dû à un manque d'intelligence, mais à des barrières culturelles et sociétales. Il perçoit également le risque que l'IA ne conduise qu'à une nouvelle forme d'intelligence stagnante et conformiste.
« Nous ne réfléchissons pas à ce que l’IA signifie pour la géopolitique, nous ne réfléchissons pas à ce qu’elle signifie pour la macroéconomie », critique Thiel.
Thiel estime que les transhumanistes d'aujourd'hui manquent d'ambition. Les transformations physiques, comme le changement de sexe, sont infimes comparées à une prolongation radicale de la vie ou à l'immortalité.
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Le christianisme et le transhumanisme s'efforcent tous deux de vaincre la nature et la mort, mais jusqu'à présent, les tentatives technologiques ont été ridiculement modestes. « La critique ne porte pas sur l'étrangeté ou l'anormalité de cette technologie, mais plutôt sur sa petitesse », dit-il.
Thiel met en garde contre un « gouvernement mondial » mondial et stagnant, considéré comme un antéchrist des temps modernes. Nombreux sont ceux qui réclameraient des réglementations mondiales pour parer à des risques tels que les armes nucléaires, l'IA ou le changement climatique, qui pourraient à long terme entraver le progrès et la liberté.
Il craint moins le « génie maléfique de la technologie » que les mouvements environnementaux et sécuritaires autoritaires qui utilisent la peur pour influencer la politique et freiner l'innovation. « L'Antéchrist s'emparerait du monde en parlant constamment d'Armageddon. En parlant constamment de risques existentiels », explique le fondateur de PayPal.
Thiel croit que chacun a la liberté et la possibilité d'agir. Tout n'est pas prédéterminé par Dieu. Le progrès exige l'initiative humaine, et non la simple intervention divine.
« Il est toujours problématique d'attribuer trop de causalité à Dieu. Dire que Dieu est la cause de tout revient à faire de lui le bouc émissaire », explique Thiel. Néanmoins, il s'accroche à l'espoir chrétien que cela ne mènera pas à une stagnation éternelle.
businessinsider