Sijena : Le gouvernement insiste sur le fait qu'il restituera les peintures murales, mais soutient le conseil d'administration du MNAC qui se déclare incapable de le faire.
Dans la décision du Tribunal de première instance n° 1 de Huesca , la juge Carmen Aznar a accordé la propriété des peintures murales de Sijena au monastère aragonais et a approuvé leur transfert, « mais pas n'importe comment », a-t-elle déclaré. Cette décision, qui reconnaissait la fragilité des œuvres, a été ratifiée par la Cour suprême en mai dernier. Que se passe-t-il maintenant ? Pourquoi aucun calendrier n'a-t-il encore été fixé pour leur restitution ? Selon le MNAC, nous en sommes au point où ils cherchent « une solution », et ils affirment qu'il n'en existe pas.
De ce point de vue, le gouvernement s'est livré à un étrange jeu de dupes. D'un côté, il accepte la décision de la Cour suprême et affirme s'engager à restituer les œuvres. De l'autre, il s'appuie sur la décision du conseil d'administration du Mnac , institution dont il est membre. Le 23 juin, il a déposé une requête en cassation devant le tribunal, invoquant son « incapacité technique à procéder au transfert ». Autrement dit, « il n'existe aucun moyen » de restituer les œuvres sans les endommager.
À l'issue d'une réunion du conseil exécutif du gouvernement catalan, la porte-parole du gouvernement catalan et ministre du Territoire, Silvia Paneque , a réitéré aujourd'hui l'engagement de la Generalitat à se conformer à la décision, comme l'exige le gouvernement d'Aragon. Elle a toutefois simplement affirmé qu'elle soutiendrait la décision du conseil d'administration du Mnac, quelle qu'elle soit. Il convient de rappeler qu'elle en fait également partie. La clé de cette double position, contradictoire en principe, réside dans le refus catégorique de la Generalitat d'assumer le risque d'endommager les pièces si elles sont finalement transférées au monastère de Sijena. C'est le gouvernement d'Aragon qui devra publiquement assumer ce risque.
Selon Paneque, la Generalitat suivra un processus d'« accompagnement, de suivi et de respect des décisions du Conseil d'administration et du MNAC ». Les déclarations de la porte-parole du gouvernement ne diffèrent guère de celles du 3 juin . « Il ne fait aucun doute que la volonté est de se conformer à la décision », avait-elle affirmé à l'époque, ajoutant qu'il fallait « attendre » les rapports techniques. Rappelons qu'un comité technique a été créé la semaine dernière, composé d'experts du MNAC, de la Generalitat, de la Mairie de Barcelone et du Gouvernement d'Aragon, afin d'évaluer la manière de se conformer à la décision de la Cour suprême.
Les techniciens d'Aragon ont quitté la commission le 23 juin, lorsque le MNAC ( Conseil national de la Communauté autonome de Catalogne) a déposé une plainte pour « incompétence technique ». Selon Aragon, ce groupe de travail s'est avéré être une « commission piège » destinée à dissimuler sa désobéissance à la décision.
De son côté, le MNAC (Musée national d'art contemporain) a souhaité distinguer les peintures profanes , dont le transfert est plus facile, des peintures murales. Ces deux types de peintures font partie du processus, mais les premières n'ont pas été touchées par l'incendie de 1936 qui a contraint à leur déplacement. Il est donc plus facile de trouver un moyen de les réintégrer au monastère de Sijena sans les endommager, ce qui n'est pas le cas des peintures murales.
Selon la Cour suprême, le délai de restitution des peintures murales ne doit pas dépasser 20 jours calendaires. Ce délai a donc expiré le 23 juin, date à laquelle le MNAC a déposé sa requête controversée en exécution devant le tribunal, faisant clairement état de son « incapacité technique » à se conformer à la décision.
Il faudra maintenant attendre la décision du tribunal concernant cette exécution et voir si Aragon parviendra à forcer le retrait des pièces pour se conformer au jugement. Pendant ce temps, le gouvernement d'Illa continue de jouer sur les deux tableaux, plaidant pour leur restitution tout en acceptant la décision du conseil du MNAC. Qui trouvera la « voie » exigée par le juge du tribunal de première instance de Huesca pour la restitution des pièces ? Ce qui est clair, c'est que dans cette partie d'échecs, les dernières pièces restent encore à déplacer.
ABC.es