« L'économie du génocide » à Gaza

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Les graves violations des droits humains commises par l'armée israélienne à Gaza, telles que les destructions injustifiées, les déplacements forcés et la famine, sont rendues possibles par l'implication d'importantes entreprises qui engrangent des profits substantiels . Telle est la thèse principale du rapport « De l'économie d'occupation à l'économie du génocide », rédigé par la juriste Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits de l'homme en Palestine.
Le rapport élargit considérablement le champ de responsabilité pour l'un des plus grands crimes humanitaires de ce siècle, qui s'est aggravé après le meurtre et l'enlèvement de civils israéliens par le Hamas en octobre 2023. L'auteure inclut parmi les responsables du massacre palestinien qui se poursuit depuis 1967 des fabricants d'armes, des entreprises technologiques, des entreprises de construction et des sociétés financières, y compris leurs dirigeants. Albanese conclut que « le génocide israélien se poursuit car il est lucratif pour beaucoup ». C'est pourquoi elle estime que l'élargissement des responsabilités « est une étape nécessaire pour mettre fin au génocide et démanteler le système mondial qui l'a permis ». Le mot « génocide » n'est pas un hasard, puisqu'il apparaît 56 fois dans cette analyse bien documentée, étayée par 440 références.
Le rapport affirme que les entreprises ont « contribué de manière significative à cette initiative en fournissant à Israël les armes et l'équipement nécessaires à la destruction d'habitations, d'écoles, d'hôpitaux, de lieux de loisirs et de culte , de moyens de subsistance et d'actifs productifs tels que des oliveraies et des vergers ». Il souligne également qu'« en contribuant à militariser et à encourager la présence israélienne illégale dans le territoire palestinien occupé, elles ont contribué à créer les conditions d'un nettoyage ethnique palestinien ».
Les profits extraordinaires tirés de la guerre d’occupation de Gaza se sont traduits par une augmentation record de 179 % du cours des actions des sociétés cotées à la Bourse de Tel-Aviv depuis le début de l’attaque, se traduisant par un bénéfice équivalent à 157,9 milliards de dollars (135 milliards d’euros).
Dans le secteur de la défense, le rôle des plus grandes entreprises israéliennes de défense, Ebit et IAI, est remarquable, pour qui « le génocide en cours a été une entreprise rentable ». L'augmentation de 65 % des dépenses militaires d'Israël entre 2023 et 2024 – qui se sont élevées à 46,5 milliards de dollars, l'une des plus élevées au monde – a généré une forte hausse de ses bénéfices annuels. Entre 2020 et 2024, Israël était le huitième exportateur d'armes au monde.
Suite à ce rapport, l'administration Trump a sanctionné Francesca Albanese pour avoir dénoncé de nombreuses entreprises ayant bénéficié de l'occupation. Cette mesure a été contestée par Amnesty International, qui a qualifié ces sanctions d'« attaque éhontée et flagrante contre les principes fondamentaux de la justice internationale ». L'important rapport d'Albanese souligne la responsabilité des entreprises. Il avertit que leurs dirigeants doivent refuser de se rendre complices de violations des droits humains. En Palestine, cette complicité est cruciale. Après ce rapport, plus personne ne pourra plaider l'ignorance.
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