« Le retour des contenants et des canettes en plastique sera un « big bang » pour les habitudes de consommation. »

Les Espagnols ont déjà pris l'habitude de trier leurs déchets à la maison. Il faut désormais trouver une place pour les bouteilles et canettes en plastique si l'on souhaite bénéficier de la consigne de 10 centimes , obligatoire à l'achat, pour encourager le retour des emballages de boissons. On revient ainsi à un système similaire au traditionnel système de « consigne » utilisé en Espagne dans les années 1960. Le ministère de la Transition écologique et du Défi démographique (MITERD) a décrété la mise en œuvre de ce système de consigne, de remboursement et de retour afin d'atteindre l'objectif de collecte sélective des emballages et des boissons . Le directeur général de l'AECOC, José María Bonmatí, préside l'association SDDR pour l'Espagne, présentée cette semaine et qui rassemble les embouteilleurs de boissons, d'eau, de sodas, de bières et de jus, ainsi que les distributeurs qui les vendent, afin de mettre en œuvre ce système dans notre pays.
–Les conteneurs jaunes vont-ils disparaître ?
– Non, car les deux systèmes devront coexister. Jusqu'à présent, l'emballeur était responsable du recyclage via un système basé sur la collecte sélective municipale dans le bac jaune. Désormais, un autre système collectif de responsabilité élargie des producteurs (SCRAP) doit être mis en place pour le retour des contenants de boissons en plastique, des canettes et des contenants de boissons en carton, mais uniquement ceux destinés aux jus, et non aux produits laitiers. Tous les autres contenants en plastique doivent continuer d'être déposés dans le bac jaune.
–Le ministère a décrété que le nouveau système sera mis en place dans un délai de deux ans.
– Le décret royal sur les emballages en Espagne est actuellement en phase d'adaptation au règlement européen. Une mise en œuvre aussi rapide est impossible, car aucun pays ne l'a fait en deux ans. De plus, l'Espagne doit mettre en place le système le plus vaste et le plus complexe d'Europe. Il s'agit d'environ 500 000 établissements. Par conséquent, l'essentiel n'est pas de faire vite, mais de bien faire.
–L’association englobe-t-elle l’ensemble du secteur qui utilise des contenants en plastique, des canettes et des cartons ?
– Effectivement, car nous nous sommes concentrés sur les exigences de la législation et sur l'implication des secteurs concernés. Nous sommes désormais dans une phase plus concrète, où nous devons adapter les délais à la réalité et à la portée du système.
– Sera-t-il prêt en novembre 2026 ?
– C'est impossible. Il faut garder à l'esprit que la seule date limite dépassée est celle de l'enregistrement de l'entité opérationnelle – comme nous l'avons déjà fait – et qu'il appartient désormais à l'Administration de décider de l'autoriser ou non, et cette décision pourrait prendre des mois. Par conséquent, nous comprenons que le compteur ne peut pas déjà tourner ; le temps ne peut pas s'écouler pendant que les autorités réagissent, car cela nous priverait du temps nécessaire pour développer le système.
–Qu’est-ce qui différenciera le système espagnol ?
– Son volume le plus important, car 18 milliards de boissons sont vendues chaque année en Espagne dans ce type d'emballage. De plus, nous avons un demi-million de points de vente et près de cent millions de touristes chaque année qui ne seront pas familiarisés avec le système ni avec les habitudes à adopter pour promouvoir le recyclage. Ce sera complexe.
–Quel investissement envisagez-vous ?
– Les coûts associés pourraient s'élever à environ 600 millions d'euros par an, même si le système générera également des revenus. Si le consommateur ne retourne pas l'emballage, la consigne sera conservée par le système, et des revenus proviendront également de la vente du matériel retourné. Une importante campagne d'information publique sera également nécessaire, car les consommateurs constateront qu'ils doivent payer plus cher certains produits, et nous ignorons leur réaction.
–Combien de machines y aura-t-il en Espagne ?
Nous prévoyons deux modèles : automatique et manuel. Compte tenu de la structure de distribution en Espagne, le système automatique sera moins répandu que dans le reste de l'Europe. On comptera entre 40 000 et 50 000 machines, certaines dédiées uniquement au picking, d'autres plus complexes, avec des espaces arrière pour le stockage, etc.
–Mais nous avons près de 500 000 points de vente répartis dans plus de 8 000 communes, dont 60 % ont moins de 1 000 habitants…
C'est la grande différence dans notre pays : les consommateurs peuvent acheter une boisson dans un établissement et rapporter le contenant dans un autre, et nous avons également de nombreux commerces dans de très petites villes. Dans ces municipalités, nous devrons réfléchir aux alternatives qui s'offrent à nous ; nous devons faire preuve d'ambition et d'imagination pour atteindre nos objectifs.
–Et les commerces de proximité qui manquent de place ?
– Il faudra étudier d'éventuelles exemptions, même si beaucoup choisiront probablement de collecter volontairement pour fidéliser leur clientèle. Il en va de même pour le secteur de l'hôtellerie-restauration : il est exempté, mais certains bars pourraient vouloir installer un distributeur automatique.
– Il va falloir sensibiliser, non ?
– Bien sûr. Cela va bouleverser les habitudes et devrait être très simple pour les consommateurs. Il faut leur expliquer qu'ils ne peuvent pas écraser le contenant, qu'ils doivent le conserver intact pour pouvoir le rapporter. Et que, même si pour certains, 10 centimes ne représentent pas grand-chose, pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés en tant que pays, nous devons tous collaborer. En théorie, la consigne est une incitation, et les canettes dans les poubelles auront une valeur, mais le modèle doit être basé sur la sensibilisation.
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