Les Espagnols ont besoin de près de 44 000 euros d’économies en moyenne pour accéder à un prêt immobilier.


Les prix de l'immobilier en Espagne sont inéluctables – rien qu'au premier trimestre, ils ont plus que doublé par rapport à l'ensemble de la zone euro –, ce qui rend l'accès à un prêt immobilier de plus en plus difficile. En moyenne, une réserve d'épargne de 43 902 € est nécessaire pour couvrir l'apport et les frais liés à l'achat et à la vente. Cela représente près de 27 % du prix total du logement, selon une étude menée par Qualis Credit Risk, agent spécialisé dans la souscription et la gestion d'assurances crédit pour le groupe d'assurance AmTrust. Les banques proposent des prêts pouvant atteindre 80 % de la valeur du bien ; il est donc nécessaire de disposer des 20 % restants, auxquels s'ajoutent des frais supplémentaires tels que les taxes, les frais de notaire et les frais administratifs, entre autres, qui ne sont pas pris en charge par les banques.
Ce montant varie considérablement d'une province à l'autre. En tête de liste, bien au-dessus de la moyenne, se trouvent les îles Baléares, où un compte bancaire de 78 779 € est requis pour acheter un logement. Madrid et Barcelone, avec respectivement 74 126 € et 70 537 €, complètent le podium. Viennent ensuite Guipúzcoa (68 637 €) et Biscaye (58 521 €). À l'opposé, les provinces de Ciudad Real (18 916 €), Jaén (19 409 €) et Zamora (20 655 €) se distinguent comme celles où l'obtention d'un prêt immobilier est la plus simple.
Pour obtenir ces chiffres, Qualis Credit Risk s'est appuyé sur les données du ministère du Logement et de l'Aménagement du territoire relatives au coût moyen au mètre carré jusqu'au premier trimestre 2025. L'entreprise a également pris comme référence des logements anciens de 80 mètres carrés, le type de logement le plus courant selon l'Institut national de la statistique (INE). Par ailleurs, la taxe sur les mutations immobilières (ITP) a été appliquée aux frais liés à la transaction – qui ne taxe que l'achat et la vente d'un logement ancien et varie selon la région où le bien est situé – et a utilisé le simulateur de prêt hypothécaire en ligne de BBVA pour ajouter des frais supplémentaires.
Les auteurs soulignent que l'investissement initial élevé incite les clients solvables, qui ne disposent pas d'économies suffisantes ou d'un proche pour les aider à assumer cette dépense, à abandonner le marché hypothécaire. Jaime Marín, directeur de Qualis Credit Risk Espagne et Portugal, souligne que « des milliers d'acheteurs potentiels, bien que financièrement solvables pour couvrir les mensualités du prêt, manquent d'économies pour verser l'apport ». Il ajoute que « toute cette demande non satisfaite est reléguée au marché locatif , ce qui entraîne une hausse des prix des loyers dans la plupart des villes espagnoles ».
En termes absolus, l'indice des prix de l'immobilier, qui a enregistré 44 trimestres consécutifs de hausse sur un an, soit 11 années de croissance ininterrompue, s'établissait à 171,296 points en mars. L'achat est donc 71 % plus cher qu'il y a dix ans. Parallèlement, la valeur des logements existants a augmenté de 66 % sur la même période.
De son côté, le Conseil de la jeunesse a révélé dans son rapport « Un problème comme une maison », présenté en janvier , qu'environ 34,5 % des moins de 30 ans vivant de manière autonome gagnent moins de 1 000 € nets par mois. Cela compromet leur capacité à épargner et à accéder à un prêt immobilier, économisant en moyenne 271,7 € par mois, après paiement du loyer et des autres dépenses. Seul un jeune sur quatre ayant quitté son domicile parvient à épargner plus de 300 €. Il a également précisé que près de la moitié des jeunes ayant quitté leur domicile et possédant un bien immobilier déclarent avoir eu besoin d'aide pour obtenir un prêt immobilier. Cette situation pourrait influencer l'âge élevé de l'indépendance en Espagne, qui, selon les dernières données d'Eurostat, s'élève à 30,4 ans.
EL PAÍS