La communauté internationale rejette la décision d'Israël de contrôler la ville de Gaza : des appels à l'arrêt de la guerre au blocage des livraisons d'armes

L'Allemagne, la Belgique, l'Espagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Turquie, l'Australie, la Commission européenne et l'ONU ont exprimé ce vendredi leur rejet du projet israélien d'occuper la ville de Gaza et de déplacer ses habitants.
Le chancelier allemand Friedrich Merz a déclaré que ce plan ne clarifie pas comment Israël entend atteindre les objectifs de désarmement du Hamas, d'obtention de la libération des otages et de lancement rapide de négociations de cessez-le-feu.
Merz a ajouté que, « dans ces circonstances, le gouvernement fédéral n'approuvera aucune exportation d'équipement militaire qui pourrait être utilisé dans la bande de Gaza jusqu'à nouvel ordre », dans ce qui constitue une décision sans précédent pour l'Allemagne, l'un des partenaires européens les plus réticents à critiquer le gouvernement israélien.
En réponse à la décision de Merz, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé l'Allemagne de « récompenser le terrorisme du Hamas ».
"Au lieu de soutenir la guerre juste d'Israël contre le Hamas, qui a mené l'attaque la plus horrible contre le peuple juif depuis l'Holocauste, l'Allemagne récompense le terrorisme du Hamas avec son embargo sur les armes contre Israël", a déclaré la présidence dans un communiqué.

Le chancelier allemand Friedrich Merz a suspendu les livraisons d'armes à Israël jusqu'à nouvel ordre. Photo : AFP
Conformément à cette position, le gouvernement néerlandais a également qualifié le plan militaire du cabinet israélien de « faux pas », estimant qu'il « ne fait rien » pour atténuer la tragédie humanitaire dans l'enclave et a averti que « Gaza appartient aux Palestiniens ».
Les Pays-Bas, comme l'Allemagne, ont également annulé vendredi les livraisons navales à Israël en raison du « risque d'utilisation » contre Gaza.
Les Nations Unies mettent en garde contre une dangereuse escalade Le secrétaire général de l'ONU , António Guterrez, s'est dit « gravement alarmé » par la décision d'Israël de « prendre le contrôle de la ville de Gaza » et a averti qu'elle représentait une « escalade dangereuse » dans le conflit qui dure depuis près de deux ans dans le territoire palestinien.
« Le Secrétaire général est profondément alarmé par la décision du gouvernement israélien de prendre le contrôle de la ville de Gaza. Cette décision marque une dangereuse escalade et risque d'aggraver les conséquences déjà catastrophiques pour des millions de Palestiniens, et pourrait mettre en danger davantage de vies, y compris celles des otages israéliens restants », a averti la porte-parole de Guterres, Stéphanie Tremblay, dans un communiqué.
Dans le même ordre d'idées, le Conseil de sécurité de l'ONU a annoncé qu'il tiendrait une réunion d'urgence ce samedi pour discuter de la situation dans l'enclave palestinienne.

Des Palestiniens en quête de nourriture dans un point de distribution à Gaza. Photo : AFP
Un autre pays qui a réagi avec la plus grande fermeté est la Belgique, dont le ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot, a convoqué aujourd'hui l'ambassadrice d'Israël en Belgique, Idit Rosenzweig-Abu, et a déclaré qu'il « tentera de plaider vigoureusement pour un renversement de ces intentions ».
Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a pour sa part fermement condamné la décision d'Israël, qui ne ferait qu'engendrer davantage de destructions et de souffrances à Gaza. Il a réitéré son appel à un cessez-le-feu permanent, à l'entrée massive d'aide humanitaire dans l'enclave et à la libération de tous les otages détenus par le Hamas.

La décision d'Israël suscite des inquiétudes quant à la sécurité et à la santé des otages détenus par le Hamas. Photo : AFP
De son côté, le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui avait annoncé en juillet que le Royaume-Uni reconnaîtrait l'État de Palestine, a qualifié vendredi la décision d'« erronée » et a exhorté le gouvernement israélien à « reconsidérer immédiatement » la mesure approuvée par son cabinet de sécurité.
Dans un communiqué, Starmer a averti : « Cette action ne contribuera en rien à mettre fin au conflit ni à obtenir la libération des otages. Elle ne fera qu'engendrer de nouvelles effusions de sang. »

Déploiement d'aide humanitaire par voie aérienne dans la bande de Gaza Photo : AFP
Dans le même ordre d'idées, la présidente de la Commission européenne , Ursula von der Leyen, a appelé le gouvernement israélien à « reconsidérer » son plan militaire à Gaza et a insisté sur la libération de tous les otages et sur un « accès immédiat et sans entrave » à l'aide humanitaire.
De son côté, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a averti que les projets d'Israël d'une « occupation militaire totale » de Gaza violeraient le droit international et pourraient entraîner de nouveaux décès et déplacements forcés, et doivent donc être « stoppés immédiatement ».
Volker Türk a rappelé que ces actions « vont à l'encontre de la décision de la Cour internationale de justice, qui établit qu'Israël doit mettre fin à son occupation le plus tôt possible, ainsi qu'à l'encontre de la solution à deux États convenue et du droit du peuple palestinien à l'autodétermination ».

Des Palestiniens reçoivent de l'aide humanitaire dans un point de distribution à Gaza. Photo : AFP
En Turquie, le rejet a été tout aussi catégorique : le gouvernement a condamné le plan israélien « dans les termes les plus forts » et a appelé le Conseil de sécurité des Nations Unies à émettre une « résolution contraignante » pour mettre fin à l'occupation.
Le gouvernement australien a également averti que la décision d'Israël aggraverait la « catastrophe humanitaire ». Dans une déclaration transmise à EFE, la ministre des Affaires étrangères Penny Wong a réitéré qu'« une solution à deux États est le seul moyen de garantir une paix durable ».
Selon des fuites du plan de Netanyahou dans la presse israélienne, l'opération de prise de contrôle de Gaza comprend plusieurs phases. La première comprend l'évacuation de la population de la capitale gazaouie d'ici le 7 octobre, suivie de l'extension du contrôle militaire à l'ensemble de la bande de Gaza et de l'imposition d'un gouvernement arabe de transition sans représentation du Hamas ni de l'Autorité nationale palestinienne (ANP).
eltiempo