La guerre contre l'Iran

Le 13 juin, le gouvernement de Benjamin Netanyahou a lancé une campagne de bombardements contre des installations militaires et des centrales nucléaires, ainsi que contre de hauts responsables et des dirigeants civils et militaires du régime iranien. L'Iran a riposté en lançant des vagues de missiles et de drones contre le territoire israélien. Le président Trump a annoncé l'implication des États-Unis dans le conflit par une attaque ciblée contre les installations nucléaires iraniennes le 21 juin afin de les rendre inutilisables. Trump s'est vanté de l'immense puissance militaire de son pays, utilisant des avions et des bombes qu'aucune autre armée ne possède.
Ces événements laissent le droit international sous un mauvais jour. Tout d'abord, il est frappant de constater le peu d'importance accordé par Trump à sa promesse de campagne de ne pas entrer en guerre pendant son mandat. Il vient de le faire de manière spectaculaire. Aux États-Unis, le Congrès est l'organe chargé de déclarer la guerre, mais les présidents américains ont contourné ce précepte constitutionnel par des interventions militaires de toutes sortes. Trump a suivi cette dangereuse tendance dans ce cas précis, mais a menacé de poursuivre ses attaques contre l'Iran et de s'impliquer davantage dans le conflit si son administration ne parvenait pas à un accord satisfaisant pour Israël et les États-Unis. Cela nécessiterait nécessairement l'accord du Congrès, et je doute qu'il l'obtienne.
Israël et les États-Unis n'ont aucun droit de mener ces actes d'agression armée contre l'Iran, en violation de sa souveraineté et de son intégrité territoriale. Ils invoquent une fausse légitime défense préventive. Celle-ci consiste à anticiper les menaces futures (impossibles à prouver a priori) que le régime iranien pourrait un jour déclencher, en les anticipant à temps pour les éviter par une agression armée. Ces risques concernent principalement le programme nucléaire iranien et la menace d'une utilisation d'armes nucléaires contre Israël, un risque contre lequel Israël met en garde depuis des décennies. Israël possède bel et bien des armes nucléaires. Il est logique qu'il ne souhaite pas qu'un autre État de la région en possède, et encore moins le régime iranien. C'est la loi de l'entonnoir : il s'agit de bénéficier d'une ultime et exclusive raison militaire pour dissuader tout ennemi.
Le régime des mollahs iraniens est en difficulté. Suite à la fin de la dictature alliée à Assad en Syrie, à l'affaiblissement significatif de ses forces armées au Liban (Hezbollah) et à Gaza (Hamas) après le 7 octobre 2023, aux bombardements contre les Houthis au Yémen et à un climat relativement favorable chez ses voisins arabes, Netanyahou a décidé non seulement de mettre fin au programme nucléaire iranien, mais aussi, s'il en a la possibilité, de mettre fin au régime des ayatollahs lui-même.
Qu'on le veuille ou non, le droit international n'instaure ni n'impose de régime démocratique aux États du système, qui sont libres de se gouverner comme bon leur semble. Un simple coup d'œil sur la carte suffit à le confirmer. Certes, le régime iranien est rejeté pour son despotisme clérical, son mépris des droits humains et ses liens avec le Hezbollah et le Hamas. Mais tenter de changer de régime de l'extérieur et par la force constitue une violation flagrante du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d'un État souverain. Poutine est également critiqué pour sa tentative de changer le régime politique ukrainien par une agression armée, qu'il accuse d'être pro-nazie.
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