Sónar 2025 en crise : plus de 30 artistes se retirent. Pourquoi ?

Le prestigieux festival Sónar de Barcelone traverse une crise majeure. Plus de 30 artistes, dont des têtes d'affiche, ont annulé leurs concerts. Nous expliquons les raisons du boycott et sa relation controversée avec le fonds d'investissement KKR.
Le festival Sónar, référence mondiale de la musique électronique et de la culture numérique, est au cœur d'une controverse qui menace son édition 2025. Ce qui a commencé comme un murmure sur les réseaux sociaux s'est transformé en un boycott à grande échelle, avec une liste croissante d'artistes retirant leur nom de la programmation, invoquant des raisons éthiques et politiques qui ont placé le festival et ses propriétaires sous un examen minutieux.
Le cœur du conflit réside dans la relation entre Sónar et KKR (Kohlberg Kravis Roberts & Co.), un géant mondial de la gestion d'investissement. Selon certaines informations, Superstruct Entertainment, la société propriétaire de Sónar et de 80 autres festivals en Europe, a été rachetée en 2024 par une société créée par KKR.
Le problème, selon les artistes et collectifs promoteurs du boycott, est que KKR est accusé d'avoir des investissements liés à des entreprises israéliennes de technologie militaire et au financement de colonies illégales en Palestine. Dans le contexte du conflit actuel à Gaza, ce lien est jugé inacceptable par une partie importante de la communauté artistique.
« Peut-on séparer l’art du financement qui le soutient ? » – Une question posée sur les réseaux sociaux qui résume le dilemme éthique du boycott du Sónar.
La pression sociale et les appels du mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) ont entraîné une série d'annulations qui ont un impact direct sur la programmation du festival. Selon des communiqués de presse et des reportages de médias tels que 5 Mag et Rolling Stone, la liste comprend plus de 30 noms, couvrant à la fois le Sónar de jour et le Sónar de nuit.
Parmi les artistes les plus remarquables qui ont pris leur retraite, on trouve :
- * ARCA (tête d'affiche)
- * Richie Hawtin (qui a changé sa participation pour un set DJ exclusif au lieu de son spectacle en tant que Plastikman)
- * Sega Bodega (bien que des raisons médicales aient été invoquées)
- * Juliana Huxtable
- * Bruit de forme
- * ABADIR
- * OUI PERSE + laSADCUM
Outre les musiciens, la protestation s'est étendue aux activités académiques et aux exposants, avec le retrait d'institutions telles que l'Université Pompeu Fabra et la Faculté des Arts et du Design BAU de Barcelone.
Face à la crise croissante, l'organisation Sónar a publié une déclaration pour clarifier sa position. Elle y exprime sa solidarité avec la population civile palestinienne et condamne les violences, mais se dissocie des décisions d'investissement de ses propriétaires.
Les points clés de sa défense sont :
- * Manque de contrôle : Ils affirment que l'acquisition de Superstruct par KKR était une transaction financière dans laquelle Sónar « n'avait aucune participation, aucun droit de parole ni aucun vote ».
- * Indépendance financière : Ils assurent que « pas un seul euro des recettes et des bénéfices du festival ne reviendra à KKR », car tous les fonds sont réinvestis dans le festival lui-même.
- * Engagement social : Ils se sont engagés à faire des dons aux ONG qui aident la population de Gaza.
Malgré l'annonce, les annulations se poursuivent, démontrant que pour de nombreux artistes et fans, cette association indirecte suffit à les forcer à s'y opposer. Conscient de l'impact de la situation, le festival a activé une procédure de traitement des demandes de remboursement de billets.
Le cas de Sónar 2025 est devenu une étude de cas sur l'intersection entre art, politique et finance à l'ère de la mondialisation. La question qui résonne dans toute l'industrie est de savoir si les festivals peuvent préserver leur neutralité culturelle alors que leurs fondements économiques sont liés à des acteurs aux agendas politiques et financiers controversés. La réponse, pour l'instant, est apportée par les artistes eux-mêmes, par leur absence.
La Verdad Yucatán