L'OTAN met fin à l'affrontement entre Trump et Sánchez

Le gouvernement tente de gagner du temps au milieu d’une crise de corruption, mais l’Espagne en sort affaiblie.
Pour éviter que le sommet décisif de l'OTAN, qui se tient cette semaine à La Haye pour donner le feu vert à l'augmentation de l'objectif de dépenses de défense de ses États membres de 2 à 5 % du PIB national, ne se termine par un échec à cause du refus de Pedro Sánchez d'adopter un objectif d'investissement aussi exigeant, dans un contexte d'escalade de la guerre au Moyen-Orient, le secrétaire général de l'Alliance, Mark Rutte, a cherché un accord préalable avec le Premier ministre.
Sánchez a obtenu le traitement différencié qu'il souhaitait, mais il doit s'engager à atteindre les « objectifs de capacité » fixés par l'organisation, c'est-à-dire les effectifs militaires, les ressources et les infrastructures nécessaires pour garantir la sécurité commune.
Sánchez soutient que notre pays peut y parvenir avec un investissement de 2,1 % du PIB. D'autres gouvernements, notamment celui des États-Unis, doivent y consacrer 5 % de leur PIB d'ici 2030, ce qui impliquera de doubler leur budget. Il semble difficile pour l'Espagne de maintenir une capacité de dissuasion comparable à celle des autres pays de l'Alliance avec un niveau de dépenses aussi inégal, notamment compte tenu de sa position à la frontière sud du bloc.
Mais pour l'instant, l'OTAN évite la perspective d'un affrontement direct entre Sánchez et Trump, qui exige un objectif commun de 5 % du PIB pour éviter de répéter les échecs passés, notamment de l'Espagne. Dans une lettre adressée la semaine dernière à Rutte, le Premier ministre a affirmé que notre pays n'était pas en mesure de quintupler l'investissement actuel, qui s'élève à 1,24 % du PIB. Et ce, malgré les incitations fiscales accordées par les autorités européennes, comme la non-inclusion de ces dépenses dans le déficit, le fonds SAFE doté de 150 milliards d'euros pour l'octroi de prêts aux gouvernements de l'UE et les subventions du Programme européen pour l'industrie de défense.
En réalité, les obstacles rencontrés par Sánchez pour se conformer aux règles de l'OTAN ne sont pas budgétaires, mais politiques. Ses alliés parlementaires rejettent une augmentation structurelle des budgets militaires et se sont même prononcés contre son projet d'atteindre 2 % du PIB en réaffectant les budgets sous-utilisés des comptes publics ou en comptabilisant les investissements dans la cybersécurité et l'achat de technologies à double usage. Sánchez tente de gagner du temps face à la crise que traverse son gouvernement après l'émergence du prétendu système de commandes illégales en échange de concessions de travaux publics, mais l'Espagne en ressort affaiblie.
Expansion