Loi sur la Garde nationale : le plan Sheinbaum renforce le rôle de l'armée dans la sécurité

La présidente Claudia Sheinbaum a envoyé au Congrès une initiative pour une nouvelle loi sur la Garde nationale , qui vise à consolider son affiliation avec la SEDENA , à lui accorder un caractère militaire et à étendre les pouvoirs de renseignement de l'armée.
La stratégie de sécurité publique du Mexique pourrait connaître une transformation significative. La présidente Claudia Sheinbaum Pardo a soumis à la Commission permanente du Congrès de l'Union un projet de loi contenant un projet de décret portant promulgation de la nouvelle loi sur la Garde nationale , ainsi qu'un ensemble de réformes des lois secondaires qui redéfiniraient le rôle et la structure de cette entité clé. La proposition a déjà été transmise à la Chambre des députés, où un débat intense est prévu.
L'initiative de Sheinbaum vise essentiellement à encadrer la réforme constitutionnelle de 2024 qui a ordonné le transfert opérationnel et administratif de la Garde nationale (GN) au ministère de la Défense nationale (SEDENA), dans le but de lui conférer un « statut militaire ». Cette initiative renforce la tendance à la militarisation de la sécurité publique observée ces dernières années.
Le projet de loi promulgue non seulement une nouvelle loi sur la Garde nationale, mais propose également de réformer, compléter et abroger diverses dispositions d'au moins neuf lois, dont la Loi organique de l'administration publique fédérale, la Loi organique de l'armée de terre et de l'air mexicaines, et la Loi sur la formation militaire de l'armée de terre et de l'air. Un aspect crucial de la proposition est l'octroi de pouvoirs accrus en matière de renseignement et d'enquête au SEDENA. Cela signifierait que la Défense nationale aurait non seulement le contrôle de la GN, mais verrait également ses capacités élargies pour générer, exploiter, traiter et exploiter des informations relatives à la sécurité nationale, afin d'alerter sur les risques et de prévenir les menaces.
Le projet de loi viserait à « construire la paix sur l'ensemble du territoire national grâce à une stratégie globale de sécurité publique ». Cette stratégie s'appuierait sur la prévention de la criminalité, un recours intensif au renseignement et une meilleure coordination, notamment au niveau international, pour reconquérir l'espace public.
Cette initiative s'inscrit dans le cadre du plan de sécurité plus large présenté par l'administration Sheinbaum, qui prévoit le regroupement de la Garde nationale au sein du SEDENA afin d'assurer sa permanence, sa discipline et son développement professionnel. De plus, le plan met l'accent sur une « coordination absolue » avec les 32 entités fédérales et se concentre initialement sur six États à forte criminalité : Guanajuato, Basse-Californie, Chihuahua, Guerrero, Jalisco et Sinaloa.
Ricardo Monreal, président du Conseil de coordination politique (JUCOPO) de la Chambre des députés, a confirmé la réception du projet de loi présenté par l'exécutif fédéral. Cette étape marque le début officiel du processus législatif, qui comprendra l'analyse, la discussion et le vote éventuel de l'initiative dans les deux chambres du Congrès. Compte tenu de l'ampleur des changements proposés et de leurs implications pour la structure sécuritaire du pays, un débat approfondi et potentiellement polarisé est à prévoir.
La Garde nationale, créée sous l'administration précédente en tant que force de sécurité civile, est au cœur d'un débat permanent sur sa nature et son commandement. L'intention de l'aligner pleinement sur la SEDENA a été constante, arguant de la nécessité d'une discipline militaire et d'une capacité opérationnelle pour lutter contre le crime organisé. La nouvelle initiative vise à consolider cette vision.
La proposition de renforcer le contrôle militaire sur la Garde nationale et d'étendre les pouvoirs de renseignement du SEDENA ravive inévitablement le débat sur la militarisation de la sécurité publique au Mexique. Les organisations de défense des droits humains et les analystes ont constamment exprimé leur inquiétude quant aux risques que cela comporte, notamment les violations potentielles des droits humains, le manque de responsabilisation des forces armées dans leurs missions civiles et l'affaiblissement des forces de police civiles.
La centralisation de la stratégie de sécurité au sein du gouvernement fédéral, et plus particulièrement au sein des forces armées, soulève également des questions sur l’équilibre des responsabilités avec les États et les communes, qui ont constitutionnellement un rôle de premier plan en matière de sécurité publique.
Même si le parti au pouvoir et ses alliés disposent d'une majorité législative pour faire adopter la réforme, la légitimité et l'acceptation sociale de cette nouvelle loi sur la Garde nationale dépendront de la capacité du gouvernement à en démontrer la nécessité et l'efficacité de manière convaincante. Il sera crucial de répondre aux préoccupations concernant l'impact sur les droits humains et de mettre en place des mécanismes solides de surveillance et de responsabilisation pour l'entreprise et pour SEDENA dans leurs nouvelles fonctions. Le débat public et la participation de la société civile seront essentiels à ce processus.
La Verdad Yucatán