Sánchez n’exclut pas l’envoi de soldats de la paix à Gaza et rejette l’augmentation des dépenses de défense.

De retour au palais de la Moncloa après avoir participé lundi à Charm el-Cheikh à un sommet pour la paix organisé à la gloire de Donald Trump, et à quelques heures de sommeil de présider le Conseil des ministres mardi, Pedro Sánchez a réaffirmé sa position dans un contexte international turbulent par deux messages importants. Le premier est que, suite à sa rencontre « très cordiale » la veille avec le président de la Maison Blanche, il reste réticent à accéder à la demande insistante de Sánchez d'augmenter les dépenses de défense à 5 % du PIB espagnol. Avec les 2 % actuels, a-t-il répondu, « nous fournissons déjà largement » les ressources nécessaires pour répondre aux exigences de sécurité et de défense de l'OTAN et de l'UE. Le second est que, malgré le fait que le cessez-le-feu signé lundi entre Israël et le Hamas « ouvre une fenêtre d'opportunité » pour progresser vers la paix dans ce conflit enraciné, Benjamin Netanyahou ne pourra pas éviter une enquête sur le « génocide » commis dans la bande de Gaza. « La paix ne peut pas être synonyme d'impunité », a-t-il averti.
Dans une interview accordée à Ser (Télévision nationale espagnole), le Premier ministre a salué l'importance de la libération des otages par le Hamas et de l'autorisation par Israël d'accéder à l'aide humanitaire à Gaza. Il s'est dit convaincu que tout cela « ouvre une opportunité » de consolider le processus de paix. Il a toutefois averti que l'Espagne, et l'UE dans son ensemble, devaient « soutenir » ce processus et l'« influencer » « avec notre propre vision », compte tenu d'un scénario semé d'« inconnues ». Sánchez a ainsi insisté sur l'importance de la solution à deux États, que Netanyahou rejette et que Trump remet en question, et pour laquelle l'Espagne a « ouvert la voie » avec sa reconnaissance de la Palestine il y a un an. Il a également mis en garde le Premier ministre israélien contre sa responsabilité dans le « génocide », selon lui, commis à Gaza. « La paix ne peut pas rimer avec impunité », a-t-il insisté. « Les principaux responsables du génocide devront être traduits en justice. L'impunité est inadmissible », a-t-il soutenu.
Sánchez a affirmé que le décret-loi sur l'embargo sur les armes contre Israël, ratifié la semaine dernière par le Congrès, « restera en vigueur » tant que le cessez-le-feu actuel à Gaza progressera vers un processus de paix. « Nous maintiendrons cet embargo jusqu'à ce que ce processus soit consolidé et progresse vers la paix », a-t-il souligné. Il a également laissé la porte ouverte à la participation de l'Espagne par l'envoi de troupes pour consolider le cessez-le-feu et le processus de paix dans la bande de Gaza. « Pour l'instant, nous ne savons pas précisément comment mettre en œuvre ce volet sécuritaire qui doit être mis en place à Gaza. Mais si cela se concrétise, l'Espagne souhaite y être présente et assurer une présence active non seulement dans la reconstruction, mais aussi dans cet horizon de paix », a-t-il insisté.
Concernant le rôle de Trump au sommet de Charm el-Cheikh, Sánchez a évité tout affrontement avec le président américain. « Je n'ai pas grand-chose à dire sur l'hôte. Mais au-delà de la forme, je reste sur le fond », a-t-il déclaré. Lors de la réunion, a-t-il affirmé, « l'optimisme et l'espoir étaient palpables », malgré les « nombreuses inconnues » entourant le processus en cours. Il a également souligné l'« engagement total et sans équivoque » de l'administration américaine sur la voie de la paix.
Le Premier ministre a reconnu que lors de sa rencontre avec Trump, ils avaient eu « un échange très cordial ». Mais Sánchez n'a pas cédé quant à l'augmentation des dépenses de défense que le président de la Maison-Blanche exige de l'Espagne, comme le président des États-Unis le lui a rappelé hier. « Nous sommes engagés en faveur de la défense et de la sécurité au sein de l'Alliance atlantique, et parallèlement, nous sommes tout aussi engagés à défendre notre État-providence », a-t-il souligné. Avec des dépenses de défense représentant 2 % du PIB, a-t-il insisté, « nous répondons déjà largement aux besoins en capacités que l'Alliance atlantique nous demande pour relever les défis communs auxquels nous sommes confrontés. »
Ce chiffre de 2 % pour les dépenses de défense, a-t-il admis, est immuable pour l'instant. « Remplir nos obligations en matière de défense, en tant que membre de l'Alliance atlantique, est tout aussi important pour nous que défendre l'État-providence », a-t-il réitéré. « Nous ne sommes pas favorables aux 5 % » de dépenses militaires exigés par Trump, a conclu Sánchez.
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