"La nature reprend ses droits sur la perversité des hommes, ce qui rend les textes de Shakespeare très actuels": la star de "Dix Pour Cent" Thibault de Montalembert a lancé le Festival des Mots

C’est dans le cadre intimiste de l’Hôtel Amour, à Nice, que nous sommes allés ce vendredi à la rencontre d’Hélène Babu et Thibault de Montalembert, quelques heures avant leur lecture publique, à Peille, dans le cadre du Festival des Mots. Pour Hélène Babu, cette venue sur la Côte d’Azur sonne comme un retour aux sources...
La comédienne de théâtre qu’on a également vue au cinéma, notamment chez Catherine Corsini, a passé son enfance dans la région, et se souvient, les yeux brillants et le sourire aux lèvres: "J’ai fait la crêpe au soleil sur toutes les plages, de Nice à Cannes, pendant des années, et tout ça sans crème solaire..."
Thibault de Montalembert, l’un des visages de la série Dix pour cent et de la récente série Franklin, son complice à la scène et époux à la ville, moins familier des lieux, reconnaît volontiers néanmoins son attrait pour la région: "Je ne me verrais pas y rester tout le temps, mais y venir pour des vacances, c'est agréable et dépaysant", glisse-t-il.
Un projet de dix ansCette fois, ce n’est ni pour se dorer la pilule au soleil, ni pour un moment de repos que le couple de comédiens fait halte sur la French Riviera. Pour l’ouverture du bal de cette nouvelle édition du Festival des mots, placé sous le thème de la nature, de l’eau et de l’océan, le duo avait sélectionné deux pièces dans le théâtre de William Shakespeare: Macbeth, précédé d’un extrait de Richard III. "C’est un passage qui se déroule en pleine mer et qui porte sur un cauchemar, précise Thibault de Montalembert, ça fait une bonne introduction pour Macbeth, qui est un grand cauchemar."
Et au-delà du Festival des mots, cette lecture de la tragédie shakespearienne apparaît aussi comme l’aboutissement d’un travail de longue haleine pour le duo. "C’est une vieille histoire, Macbeth, ça remonte à plus de dix ans, reconnaît l’ancien pensionnaire de la Comédie-Française de 1994 à 1996, c’est une pièce que je voulais mettre en scène. J’ai un ami qui s’est occupé de faire l’adaptation pour deux comédiens à partir de la traduction d’Yves Bonnefoy, mais je n’ai pas trouvé de production." Une adaptation qu’ils ont déjà travaillée ensemble et qui a déjà fait l’objet de lectures publiques. "La vie a fait que le projet a été mis de côté, mais j’ai récemment proposé l’idée à Charles Templon, qui nous a mis en scène tous les deux dans Un président ne devrait pas dire ça…, et il a été enchanté par l’idée. Donc si tout se passe bien, c’est la dernière lecture qu’on va faire de ce projet avant qu’il ne devienne une version théâtrale", souffle Thibault de Montalembert, très heureux de voir ce projet aboutir.
Une question simple se pose: comment deux comédiens peuvent-ils interpréter les nombreux personnages de cette tragédie?
Shakespeare en lien avec la natureRéponse: une partition scénique audacieuse, Hélène Babu incarne tous les personnages féminins, y compris la deuxième sorcière, qu’elle a d’ailleurs doublée dans l’adaptation cinématographique de Justin Kurzel (2015), et Thibault de Montalembert les protagonistes masculins. "Ça arrive souvent qu’il joue les deux personnages d’une même scène, glisse Hélène Babu. C’est un challenge de transformation génial pour un acteur."
Le thème de cette édition du Festival des mots, centré sur la nature et l’océan, trouve un écho particulier dans leur choix de textes. "La question ne se posait même pas pour lui [Shakespeare, ndlr], la nature fait partie intégrante de la nature humaine, ce n’est pas dissocié. Tout ce qu’il écrit est toujours en lien avec la nature parce qu’elle est partie intégrante de ce qu’on est", explique Hélène Babu. Thibault de Montalembert renchérit en déclarant: "La nature est le grand livre qui permet de comprendre l’Homme. On peut pratiquement dire que la métaphore de la nature est une métaphore de l’histoire humaine dans sa violence et sa beauté. Et très souvent, la nature reprend ses droits sur la perversité des hommes, ce qui rend les textes de Shakespeare très actuels et contemporains."
Festival des mots, jusqu’au 9 août. Prochain rendez-vous: 18 juillet à 21h, au Rouret, avec Stéphane Guillon qui lira des textes d’Olivier de Kersauson.
Nice Matin