"Nous n’avons pas sorti d’album, mais nous étions tout de même en tournée": de passage à Hyères, avant Monaco cet automne, Jennifer Ayache nous parle du retour de Superbus

Un vent de nostalgie a doucement soufflé sur la nuit d’Hyères, le 22 juillet. En tournée en France pour la sortie d’un nouvel album, OK KO (qui passera à la rentrée par Aix et Monaco), arrivé dans les bacs neuf ans après Sixtape, Jennifer Ayache, chanteuse de Superbus, était ravie de retrouver le public, qu’elle n’avait jamais vraiment quitté ces dernières années. "Nous n’avons pas sorti d’album, mais nous étions tout de même en tournée. Si on n’a pas l’impression de retrouver la scène et les concerts, on voit quand même des personnes nouvelles. Il y a des parents qui viennent avec leurs enfants pour leur faire découvrir Superbus, ça s’élargit et ça fait très plaisir, d’être confrontés à plusieurs générations."
"Je rêvais de collaborer avec Nicola Sirkis"Sorti le 4 juillet dernier, OK KO est "un album qu’on a pensé un peu comme ceux qu’on faisait au début", explique la chanteuse. "Ça a l’air de faire plaisir aux gens qui nous connaissent depuis longtemps!" Et pour cause: deux célèbres titres, composés une vingtaine d’années plus tôt, se trouvent de nouveau dans ce nouvel album: Lola et Butterfly. Réinterpréter ces titres aujourd’hui, "c’était compliqué, explique la native de Cannes, parce qu’on ne voulait pas non plus trop les dénaturer. Personnellement, quand j’écoute des chansons même en live, j’aime bien quand elles ne sont pas trop transformées par rapport à la version album. Là, il fallait rester similaire aux versions originales, mais trouver un petit truc en plus ".
Résultat: un mixage léché, de nouvelles sonorités et des invités. Pour Lola, la collaboration avec Nicola Sirkis, le leader d’Indochine, et la chanteuse Hoshi "s’est faite assez naturellement", raconte la chanteuse. "Je rêvais de collaborer avec Nicola, et Hoshi est une très bonne copine. Je sais qu’elle a beaucoup écouté Lola quand elle était ado. Ça m’a paru naturel de lui demander, dès qu’on a eu cette envie de refaire ce titre."
"J’ai besoin d’écrire ce qui se passe, ce que j’observe"La reprise a été annoncée il y a quelques mois sur les réseaux sociaux à travers un faux faire-part de mariage entre les deux chanteuses. "C’est venu après, raconte Jennifer Ayache. On se demandait ce qu’on pouvait faire pour marquer le truc et Hoshi m’a dit: viens, on fait un clip où l’on se marie, et c’est Nicola qui jouera le prêtre! J’ai trouvé l’idée géniale."
Même idée pour Butterfly, en duo, cette fois, avec Rori, jeune chanteuse Belge: "On voulait travailler avec des copains et des gens qu’on apprécie vraiment. Avec Rori, il y a aussi un aspect humain, on l’a rencontrée il y a un an et on s’est hyper bien entendu. J’adore son univers, je trouve qu’elle a un truc et qu’on a plein de points communs!"
En dehors de ces madeleines musicales, le nouvel album comporte douze titres originaux, qui explorent la sublimation du chaos. Individuel, collectif, politique, amoureux, artistique… Pour Jennifer Ayache, les textes qu’elle écrit sont comme un journal. "J’ai besoin d’écrire ce qui se passe, ce que j’observe, des émotions et des pensées. Elles deviennent des chansons après, c’est pour ça qu’on a mis du temps à faire l’album. Mais c’est ce qu’il faut, parce qu’il faut prendre le temps de vivre les choses, qu’elles soient compliquées ou simples."
"Le monde tel qu’il est devenu, avec les réseaux sociaux et nos téléphones, a pris un sacré virage"Le groupe, passé par un moment de latence et de doutes a fini par trouver la solution. Et "ce titre OK KO, c’est aussi pour dire qu’on a trouvé une solution au chaos et qu’on a rendu ça viable", raconte-t-elle. Interroger la viabilité des choses, et notamment de nos modèles de sociétés contemporaines est d’ailleurs le propre de titres comme Aseptisé, qui manifeste un désir de changement en questionnant l’uniformisation des rencontres et certains appauvrissements esthétiques. "Ce sont des prises de conscience, quand on a l’impression que nous ressentons certaines choses collectivement, par exemple le fait qu’on se rencontre au même endroit, sur des applications. C’est vrai que le monde tel qu’il est devenu, avec les réseaux sociaux et nos téléphones, a pris un sacré virage, qui donne matière à certains constats." Baby Boom se fait plutôt l’écho de préoccupations liées aux guerres en cours. "C’est terrible, ce qu’on voit à la télévision. J’en fais des chansons pop, je ne sais pas si ça aide… Mais au moins on est dans la gratitude, parce qu’on a de la chance de vivre ici."
Savoir+
- 3 octobre à Aix-en-Provence. 6Mic. 35 euros.
- 18 novembre à Monaco. Espaca Léo-Ferré. Prix non communiqué.
Var-Matin