A Avignon, « When I Saw the Sea », l’œuvre pacifique et politique d’Ali Chahrour

S’attaquer frontalement à un sujet politique massif comme le système de kafala, dispositif abusif qui lie le permis de séjour du travailleur à son contrat avec l’employeur, au Liban, est une affaire périlleuse. C’est le défi relevé par le chorégraphe libanais Ali Chahrour avec sa nouvelle pièce intitulée When I Saw the Sea. A l’affiche à la FabricA d’Avignon du 5 au 8 juillet, il a réussi non seulement à alarmer le public sur une situation terrifiante mais à dresser une œuvre pacifique qui lui ressemble contre la barbarie.
When I Saw the Sea met en scène trois femmes. Travailleuses domestiques venues d’Afrique, elles ont rencontré Ali Chahrour grâce à une ONG. Elles ont témoigné, ainsi que d’autres personnes, de leurs conditions de survie, atroces, chez des patrons qui les esclavagisent. Surgissant de l’obscurité du plateau, elles portent leurs récits et énoncent simplement ce qu’elles ont vécu, additionnent les violences et les humiliations. L’une d’entre elles, orpheline, a été abandonnée dans la rue par sa mère, employée de maison, violée par son patron, et évoque les sévices auxquels sont soumises les femmes de ménage : brûlées à l’huile bouillante, forcées de se prostituer… Une autre raconte comment on lui a coupé les cheveux, contrainte à se laver devant « Madame », à signer un papier lui interdisant de faire l’amour…
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Le Monde