Après un concert de pré-ouverture, le violoniste Nemanja Radulovic ouvrira le 76e festival de musique de Menton

Les marches vers l’enchantement. Demain, tout recommence! Pour la soixante-seizième année, demain, le festival de musique de Menton ouvrira ses portes. Et pour la 76e fois les mélomanes graviront les marches pavées qui montent vers le parvis Saint-Michel. Ils gagneront en procession ce lieu quasi mythique que surmontent l’impressionnante basilique Saint-Michel et sa sœur discrète, l’église des Pénitents blancs.
Tout en gravissant les marches, les mélomanes se souviendront des grands moments qu’ils ont vécus dans le passé. Les plus anciens se rappelleront des concerts de Richter, de Rostropovitch, de Stern, de Rampal, de Samson François, ou d’Andres Segovia, ces "monstres sacrés" qui sont tous venus au festival de Menton. Les mélomanes plus récents se remémoreront des récitals de Martha Argerich, Ivry Gitlis, Maria-Joao Pires, Fazil Say ou Maxime Vengerov.
Et puis il y aura les nouveaux auditeurs - ceux pour qui demain sera le premier soir, et sans doute le premier éblouissement. Tous ensemble, mélomanes anciens ou nouveaux, monteront vers le parvis comme à un pèlerinage annuel au bout duquel ils trouvent leur Graal: la grande musique.
Star de la nouvelle générationLe concert d’ouverture sera donné ce mercredi soir à 21 heures par une des stars du violon de la nouvelle génération: Nemanja Radulovic. Un look et un talent d’enfer! Une allure de rockeur aux cheveux longs et au blouson de cuir. Un électron libre dans le monde de la musique classique. Venu de sa Serbie natale à l’âge de 14 ans, en 1999, il a étudié au conservatoire de Paris et a immédiatement étonné ses contemporains par son allure. On se souvient de la découverte de ce jeune artiste turbulent au Midem de Cannes où Nice-Matin fut l’un des premiers journaux à l’interviewer. C’est en 2006, lorsqu’il a remplacé au pied levé Maxim Vengerov dans le concerto de Beethoven à l’Orchestre Philharmonique de Radio France que sa carrière internationale a vraiment débuté.
Il nous proposera demain soir des pages parmi les plus célèbres de la musique classique: deux concertos de Bach et les Quatre Saisons de Vivaldi. Il sera accompagné par un orchestre à cordes qu’il a intitulé "Double sens". Double sens ? Peu importe le sens, du moment que c’est le bon!
Alors un frisson passera. Le même frisson que l’an dernier, qu’il y a trente ans ou qu’il y a 76 ans - ce frisson qui, chaque année depuis l’origine du festival, fait gravir aux mélomanes venus de tous les coins d’Europe les longues marches qui montent vers le parvis Saint-Michel…
Une pré-ouverture ce mardi soirDepuis quelques années, l’ouverture officielle du Festival de musique est précédée, la veille, d’un concert de pré-ouverture, accessible gratuitement. Ce sera, ce mardi soir, un concert du Sextet de Romain Leleu, loin d’être une proposition au rabais.
Romain Leleu est en effet, l’un de nos grands trompettistes français à la carrière internationale, professeur au conservatoire supérieur de Lyon. Pour former son sextet, il s’est entouré de cinq musiciens à cordes : deux violons, un alto, un violoncelle et une contrebasse.
Ensemble, bousculant les frontières de la musique, ils jouent avec le même enthousiasme la musique classique et le jazz. C’est ainsi que ce mardi soir ils nous feront entendre des transcriptions de lieder de Schubert, aussi bien que le Bœuf sur le toit de Milhaud, la Danse macabre de Saint-Saëns, ou encore Night and day de Cole Porter ou A Night in Tunisia de Dizzy Gillespie. C’est ce qu’on appelle l’éclectisme. Du bonheur en perspective!
Mardi 22 juillet, 21 heures, Esplanade des Sablettes. Entrée gratuite.
Les célèbres Quatre Saisons de Vivaldi seront jouées demain soir, en ouverture du festival, par le violoniste Nemanja Radulovic et l’orchestre à cordes Double Sens. C’est l’une des premières œuvres « descriptives » de l’histoire de la musique. D’habitude, les œuvres de la musique classique sont abstraites, ne décrivent rien. Ici, les Quatre Saisons sont quatre concertos pour violon et orchestre qui évoquent le printemps, l’été, l’automne, l’hiver.
On y entend des chants d’oiseau, les bruits de la nature, le chant des paysans, l’orage, le travail des moissons, le souffle du blizzard ou les glissades sur la neige. Vivaldi les a composées au début du XVIIIe lorsqu’il enseignait la musique à l’Ospedale della Pieta à Venise dans un établissement qui accueillait les filles abandonnées, les orphelines, les filles pauvres ou illégitimes.
Vivaldi formait des orchestres avec elles. Il les faisait jouer en concert... mais derrière un grillage afin qu’elles ne soient pas importunées par des hommes animés de mauvaises intentions! Le redoutable Casanova fréquentait en effet Venise à cette époque. C’est dans ces circonstances qu’ont été créées les Quatre Saisons. Elles sont à présent jouées au grand jour. Elles sont devenues l’une des œuvres les plus jouées de la musique classique.
Nice Matin