Avec "Les Grands Remplaçants", Radio Nova a trouvé ses trublions du samedi soir

Depuis l’annonce de la fin du Floodcast, le podcast présenté depuis dix ans par Florent Bernard et Adrien Ménielle, les auditeurs assidus sont en deuil et à la recherche d’une nouvelle perle rare.
Djamil le Shlag et sa bande de Grands Remplaçants sont peut-être le remède à cette période morose. Il faut dire qu’ils partent déjà avec une base solide.
Avant de devenir une émission diffusée depuis le début du mois d’avril en direct sur Radio Nova, tous les samedis de 18h à 19h, Les Grands Remplaçants était d’abord un podcast.
On pourrait penser que de passer de l’un à l’autre, avec les contraintes de publicité et de durée, serait difficile. Mais, pour Djamil le Shlag, humoriste et présentateur de l’émission, c’est une libération.
"Avant, on devait gérer toute la production d’émission, le son, les micros, etc. Au final, c'était une grosse charge et on passait plus de temps là-dessus qu’à enregistrer."
Désormais, l’équipe se concentre sur l’essentiel: l’humour et la complicité. Décrit comme "un bon gros bordel" dans leur communiqué de presse, Les Grands Remplaçants assume son côté improvisé.
"C’est la liberté totale. On peut parler de n’importe quel sujet, même si ça ne rentre pas dans nos thèmes du moment. On est là pour la rigolade." Cette liberté, très rare dans le paysage audiovisuel français, séduit un public en quête d’authenticité.
La recette du "bordel organisé"Les Grands Remplaçants se présente comme une anti-émission traditionnelle. Pas de script rigide, ni de sujets imposés, juste une bande d’humoristes qui débattent, racontent des anecdotes et glissent des chroniques décalées.
Le principe? Une table ronde où s’enchaînent improvisations, vannes et digressions, le tout saupoudré de références à la pop culture et à l’actualité.
"L’idée, c’est que l’auditeur ait l’impression d’être avec nous dans le studio", résume le présentateur de l’émission. Avec des chroniqueurs d’âges différents, Les Grands Remplaçants joue des écarts générationnels.
"Sarah Lélé a 23 ans, j’en ai 42. Quand je parle de Doc Gynéco, elle me regarde comme si je venais de Mars, et elle me parle de Squeezie", s’amuse Djamil le Shlag.
Pourtant, aucune scission. L’humour fait office de langue universelle. L’équipe, qualifiée de "bande de potes" se retrouve même le vendredi soir pour une réunion de rédaction... "autour d’une chicha", à République. "C’est comme un filage ou un rodage, on teste nos sujets en rigolant."
Une méthode qui fonctionne pour Radio Nova, qui a augmenté en un an son nombre d’auditeurs de 131%, notamment grâce à de nouveaux programmes, comme Les Grands Remplaçants.
Le nom de l’émission, Les Grands Remplaçants, est un pied de nez aux théories complotistes. "C’est une façon de renverser les stigmates et de se réapproprier le terme", explique Djamil le Shlag, qui assume lui aussi son pseudonyme, héritée d’une image "engagée" qu’il veut désormais incarner avec légèreté.
Provocation assumée, humour décomplexéL’émission n’hésite pas à s’attaquer à des sujets sensibles, avec toujours ce même humour et cette intelligence. La seule limite? "Ça ne doit pas dépasser le cadre de la loi, donc pas d’incitation à la haine ni de diffamation (...) Tout le reste, c’est free, ils peuvent y aller."
Une liberté de ton qui leur vaut parfois quelques inimitiés, notamment du côté du site identitaire Boulevard Voltaire. "Comme dirait Moubala Soumahoro(1), me faire insulter par l’extrême droite reste, pour moi, un honneur."
À l’image de leurs camarades de l’émission La Dernière, l’équipe des Grands Remplaçants envisage des émissions tournées en public pour prolonger l’énergie du studio. "Pas tous les samedis non plus, après ça va finir par coûter cher", plaisante l’animateur de l’émission.
Dans un paysage radiophonique souvent formaté, Les Grands Remplaçants fait figure d’ovni rafraîchissant. Avec son format aussi fluide qu’iconoclaste, l’émission redéfinit les codes du talk-show et prouve qu’humour rime avec bienveillance, et qu’on peut être mordant sans être cruel.
Le samedi de 18h à 19h sur Radio Nova.
1. Maîtresse de conférences en civilisation américaine, membre du Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage.
Nice Matin