Conflit Thaïlande-Cambodge : quatrième jour de combats malgré une proposition américaine de cessez-le-feu

Les deux royaumes d’Asie du Sud-Est sont engagés dans l’épisode le plus meurtrier en près de quinze ans d’un différend territorial au long cours. Les échanges de tirs, bombardements et frappes aériennes ont fait au moins 33 morts et provoqué le déplacement d’environ 200 000 personnes.
Les deux camps, joints samedi par le président américain Donald Trump, ont assuré vouloir entamer des discussions, mais dimanche au petit matin, les combats ont repris, et chaque capitale a accusé l’autre de manquer à sa parole. Une porte-parole du ministère cambodgien de la Défense, Maly Socheata, a affirmé que la Thaïlande avait attaqué à 4 h 50 du matin deux temples contestés au nord-ouest, théâtre des premiers affrontements survenus jeudi matin. Bangkok a commis des « actes d’agression délibérés et coordonnés », a-t-elle déclaré dans un communiqué, en dénonçant les « mensonges et faux prétextes » de l’armée thaïlandaise pour justifier l'« invasion illégale » du territoire khmer.
Le ministère thaïlandais des Affaires étrangères a évoqué de son côté des « tirs d’artillerie lourde » de l’armée cambodgienne visant des « maisons de civils » dans la province de Surin, aux alentours de 4 h 30 du matin. « Toute cessation des hostilités est impossible tant que le Cambodge fait preuve d’un manque flagrant de bonne foi et continue de violer de manière répétée les principes fondamentaux des droits humains et du droit humanitaire », a indiqué la diplomatie thaïlandaise.
Ces derniers jours, le conflit s’est répandu sur de multiples fronts, parfois éloignés de plusieurs centaines de kilomètres entre eux, de la province thaïlandaise de Trat, populaire auprès des touristes, sur le golfe de Thaïlande jusqu’à une zone surnommée « le Triangle d’émeraude » pour sa proximité avec le Laos.
Le président américain Donald Trump a annoncé samedi, après avoir échangé avec leurs dirigeants, que les deux pays étaient prêts à se rencontrer pour parvenir à un cessez-le-feu. Donald Trump a salué deux « très bonnes conversations » et dit espérer que les deux voisins « s’entendront pendant encore de nombreuses années », dans un message sur son réseau Truth Social.

Bangkok a dit « accepter en principe de mettre en place un cessez-le-feu », tout en attendant de voir si l’intention de Phnom Penh était « sincère ». Le Premier ministre khmer Hun Manet s’est félicité d’une « bonne nouvelle pour les soldats, et le peuple des deux pays », et chargé son chef de la diplomatie, Prak Sokhonn, de se coordonner avec son homologue américain Marco Rubio en vue de « mettre fin » au conflit. Avant cela, une tentative de médiation sous l’égide de la Malaisie, qui occupe la présidence tournante de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) dont les deux royaumes sont membres, n’avait pas été suivie d’effet.
La Thaïlande et le Cambodge sont en pleines discussions avec la Maison-Blanche au sujet des droits de douane prohibitifs qui doivent frapper ces deux économies dépendantes des exportations le 1er août. Donald Trump a affirmé qu’il était « inapproprié » de revenir à la table des négociations sur le volet commercial tant que les combats « n’auront pas cessé ». Les Nations unies ont aussi exhorté samedi les deux voisins à conclure « immédiatement » un cessez-le-feu.
Les relations diplomatiques entre les deux voisins, liés par de riches liens culturels et économiques, sont au plus bas depuis des décennies. L’épisode en cours a fait 20 morts côté thaïlandais, dont sept soldats, alors que le Cambodge a fait état d’un bilan de 13 morts dont cinq militaires. Plus de 138 000 Thaïlandais ont évacué les zones à risques, selon Bangkok, et plus de 80 000 Cambodgiens de leur côté de la frontière, d’après Phnom Penh.
SudOuest