Dans «Ailleurs l’herbe est plus verte», Stanley Donen badine avec l’amour

Il appartient aux génies discrets de créer des œuvres qui les dépassent. Chez Stanley Donen, il y a l’arbre et la forêt, la médaille et son revers. Qu’il fut l’un des artisans les plus doués de la comédie musicale hollywoodienne (Chantons sous la pluie, Un jour à New York, Drôle de frimousse), tend parfois à occulter qu’il fut également l’auteur inspiré de thrillers enlevés et caustiques, rivalisant de trouvailles formelles (Charade, Arabesque), et de romcoms douces-amères (Indiscret, Voyage à deux), dont l’élégance acide laisse affleurer la mélancolie et les morsures du temps qui menacent les cœurs.
Appartenant à cette seconde veine, tout en demi-teintes et accords mineurs sous les atours d’un vaudeville charmant dont il s’emploie à étriller les conventions, Ailleurs l’herbe est plus verte (1960), film méconnu et sous-estimé auquel l’éditeur Rimini offre un bel écrin Blu-ray, témoigne de cette période de sa carrière où, affranchi des studios de Hollywood et désormais installé dans l’Angleterre effervescente des Swinging Sixties, Donen s’éloignait du musical et de l’exultation des corps, pour s’ébrouer dans des comédies sophistiquées davantage centrées sur la conversation, faisant
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