De fameuses photos des Rolling Stones dans les années 1970 signées Dominique Tarlé à voir au Lavandou cet été

"L’aventure d’une vie". L’Espace culturel du Lavandou accueille l’exposition Rolling Stones 1971: 44 clichés pris par Dominique Tarlé, présent pour le vernissage. Cinquante ans après, le photographe se souvient de tout. Comme si c’était hier.
Initié à la photo par le père d’un ami, Dominique Tarlé trouve sa vocation et poursuit des études dans cette voie, avec toujours dans les oreilles les rockers américains des années 1950. Il termine ses études en mai 1968.
"Ce qui se passait dans les rues de Paris terrorisait mes parents. Je n’ai eu aucun mal à les convaincre que je devais quitter la France pour aller à Londres perfectionner mon anglais", se souvient-il, le regard malicieux derrière ses lunettes teintées.
À peine arrivé dans la capitale anglaise, il pousse les portes du pub en bas de son appartement. Forcément, de la musique résonne. Il y rencontre John Mayall, père du british blues, qui finit par lui présenter un certain Mick Taylor.
"Un an plus tard, il remplace Brian Jones au sein des Rolling Stones..." La première graine est plantée.
Avec les Stones, à travers l’Europe jusqu’à VillefrancheQuelque temps après cette rencontre, par bouche-à-oreille, Dominique Tarlé se retrouve sur le tournage de The Rolling Stones Rock and Roll Circus. Il y croise Jagger et sa bande, mais aussi John Lennon, The Who ou encore Eric Clapton. Il fait alors claquer sa pellicule pendant les 48 heures du tournage. Des tirages que l’on retrouve aujourd’hui au Lavandou.
"J’avais vendu ces photos à un magazine français, Best. Ils avaient fait la une avec un grand portfolio à l’intérieur. J’avais ensuite donné des copies aux Rolling Stones. Ils ont adoré. Ils avaient l’habitude de photos posées, là c’était de l’instantané."
Dominique Tarlé se fait alors adopter par le groupe. "À partir de là, chaque fois qu’ils faisaient quelque chose, ils m’appelaient." Sur les murs de l’Espace culturel, on retrouve ainsi des tirages d’un concert à Hyde Park devant 500.000 personnes (juillet 1969). "Ils me disent: on te construit une petite tour sur le côté de la scène pour que tu puisses nous photographier sur scène, face au public."
Et quand les Stones viennent à Paris, ils lui réservent une loge pour lui et les siens. Il prend encore des clichés depuis le dessus de la scène. Il enchaîne ensuite toute la tournée européenne du groupe en dormant au pied du lit de Buddy Guy, qui joue en première partie.
"Ça plaît beaucoup aux Rolling Stones, en particulier à Keith Richards. Début 1971, ils me demandent d’être leur photographe officiel sur leur tournée anglaise. À une condition: ne pas être trop cher."
Tout se passe bien, jusqu’à un coup de fil des services d’immigration britanniques: "Ils me disent: ça fait trois ans que vous vivez en Angleterre avec des visas touristiques de trois mois. Ce n’est pas possible, vous devez rentrer en France. Ce n’était pas très drôle pour moi de rentrer au pays de Sheila et Claude François..."
Lors du dernier concert en Angleterre, Bianca — future madame Jagger — s’approche de Dominique et lui souffle à l’oreille que le groupe va venir s’installer en France, pour des raisons fiscales.
Les Londoniens trouvent refuge sur la Côte d’Azur, notamment à Villefranche-sur-Mer. Dominique finit par les rejoindre. "Je suis arrivé en bus chez Keith Richards. Je passe la journée avec lui à faire des photos. Le soir, je remercie tout le monde et je m’apprête à partir. Et Keith me dit: “Où vas-tu? Ta chambre est prête." Je suis resté six mois. »
Petites et grandes histoiresDe cette période à la villa Nellcote, il livre des clichés du quotidien, de la vie intime des plus célèbres rockeurs de la planète. "Je trouvais cela très intéressant de découvrir qui ils étaient en dehors de la scène."
On découvre alors Keith Richards auprès de son fils, avec sa femme. Mais aussi de petites histoires qui ont fait la grande. "Gram Parsons, chanteur de country, vient rejoindre Richards en France. Ils passent leurs journées à jouer et chanter ensemble. Gram veut enregistrer son premier album et souhaite que Keith le produise. Ça inquiète Mick, qui a peur que Keith joue sur cet album, chante, avec le risque de le perdre pendant un an ou plus."
Sur la photo illustrant ce propos, on retrouve Jagger à table, à côté de son guitariste, l’air inquiet, avec juste la cigarette de Gram Parsons qui lui fait face. Pour contrer cela, le leader des Stones lance alors l’idée de sortir un nouvel album.
Le groupe s’installe donc dans les caves de la maison de Richards, fait venir son studio d’enregistrement mobile, tire l’électricité depuis la voie ferrée qui jouxte la villa, et passe des semaines à peaufiner ce qui deviendra le double album Exile on Main Street.
Depuis cette période, Dominique a mené d’autres projets avec le groupe et est toujours resté en contact avec les désormais "papys du rock", qu’il considère comme "de vieux amis".
À voir à l’espace culturel, 612 avenue de Provence au Lavandou. Du mardi au samedi, 10h - 12h30 et 15h - 19h30. Accès libre.
Nice Matin