Documentaire « Aux armes, citoyennes ! » : les femmes révolutionnaires sortent enfin de l’ombre
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« Les hommes ont pris la Bastille, les femmes ont pris la royauté elle-même. » Voici comment l’historien Jules Michelet résumait la marche sur Versailles d’octobre 1789. Cet épisode durant lequel les « dames de la Halle » menées par la commerçante Reine Audu, bientôt rejointes par des milliers d’autres femmes du peuple en colère, ramenèrent de force le roi aux Tuileries, marque un tournant décisif dans la Révolution française. Il ouvre le documentaire Aux armes, citoyennes ! qui éclaire la place des femmes dans cette période de tourmente politique.
Ses auteurs, Mathieu Schwartz et Émilie Valentin, se sont appuyés sur les recherches historiques récentes pour dégager six personnalités longtemps restées dans l’ombre. Aux côtés de l’incontournable Olympe de Gouges, femme de lettres, nous faisons la connaissance d’Anne-Josèphe Théroigne, surnommée l’Amazone belge en raison de son costume de cavalière et de ses origines liégeoises ; de la journaliste Louise de Kéralio, qui défendit les principes républicains au sein du Mercure national ; de Catherine Pochetat, enrôlée dans l’armée révolutionnaire sous des habits d’homme. Ou encore de la militante radicale Pauline Léon, dont le club réclamait l’armement des femmes.
Leurs destins, souvent tragiques, sont retracés par des archives rares (jugements, coupures de presse, gravures) et par des séquences d’animation de grande qualité signées Hugo de Faucompret, réalisateur en 2021 du beau long métrage Maman pleut des cordes. Ses dessins aux couleurs audacieuses, son animation fluide et dynamique font écho au sentiment d’exaltation de ces militantes éprises de liberté.
Dénigrées, réduites au silence, violentées, y compris de la part de leurs « amis » révolutionnaires, elles ont lutté ardemment pour défendre les idées progressistes et permirent des avancées égalitaires comme la loi sur le divorce, avant le violent retour en arrière imposé par le Premier Empire. Ce film solaire leur rend un hommage touchant.
La Croıx
