Eva Victor, réalisatrice de « Sorry, Baby », ou le cinéma comme guérison

Une reconversion réussie. Après s’être fait connaître grâce à de courtes vidéos humoristiques postées sur X à la fin des années 2010, voilà qu’à 31 ans Eva Victor, qui s’identifie comme non-binaire, entame une deuxième carrière comme actrice, scénariste et réalisatrice avec Sorry, Baby, primé au Festival de Sundance et sélectionné en mai à Cannes à la Quinzaine des cinéastes. « J’étais arrivée au bout de mon envie de fabriquer des objets destinés à être publiés et commentés le jour même, confie l’Américaine, un vendredi de juillet, sur Zoom. Je voulais aller vers quelque chose qui soit plus long et plus profond. »
Agnès, son personnage de femme intranquille qui tente de surmonter un trauma, doit sans doute beaucoup à sa propre expérience sur laquelle elle est peu encline à revenir. Agressée sexuellement il y a quelques années de cela, Eva Victor dit avoir trouvé dans le tournage de Sorry, Baby une forme de guérison : « En tant que réalisatrice, me mettant moi-même en scène, j’ai choisi où mon corps allait à chaque instant. Je me suis sentie entourée et en sécurité. » La cinéaste a cherché par-dessus tout à « ce que les gens arrivent avec l’impression que le film va prendre soin d’eux ». Espérant souder une communauté de spectateurs : « Je pense qu’en riant et en pleurant ensemble, les gens libèrent quelque chose d’essentiel. »
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Le Monde