Exposition «Dans le flou» : la buée vers l’or
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Voir flou est un symptôme, celui d’une maladie ou du vieillissement. Trouble optique, le flou est donc un point aveugle, une sorte de brouillard inquiétant qui menace non seulement le regard mais affecte aussi les représentations, les peintures, les vidéos et surtout les photographies – les sculptures floues sont plus rares… Voilà ce que montre «Dans le flou. Une autre vision de l’art de 1945 à nos jours», une exposition tout en finesse et gravité, au musée de l’Orangerie. «Plonger dans ce sujet a été ultra-excitant et un peu vertigineux, rapporte Emilia Philippot, co-commissaire. C’était compliqué, même les limites chronologiques n’étaient pas du tout posées au départ.»
S’attaquer au flou, une notion riche mais flottante – ne parle-t-on pas, de façon péjorative, de flou artistique ? – se résume finalement ainsi pour la directrice du musée, Claire Bernardi : «Y a-t-il une esthétique du flou ? Et est-ce Monet en est le précurseur ? Qu’est-ce qui a incité les artistes contemporains à aller vers le flou ?» Alors que les caméras, les satellites, les scanners et les instruments optiques comblent les défaillances de l’œil humain et offrent une vision du monde toujours plus nette et précise – aujourd’hui renforcée par les calculs de l’IA –, le flou persiste et signe dans l’art. Pourquoi ?
L’expo prend sa source dans une rivière brumeuse de William Turner (1845), dans un cube de plexiglas rempli de buée de Hans Haacke (Condensation Cube, 1963-1965) et dans
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