Francofolies, Rock en Seine, We Love Green : quand la guerre à Gaza s’invite dans les festivals de musique de l’été

Le chanteur et musicien palestinien Saint Levant lors des Francofolies de la Rochelle, le 14 juillet 2025. SADAKA EDMOND/SIPA
Le mythique festival de Glastonbury a donné le « la ». Sous la pluie britannique, les super stars anglophones Neil Young, Charli XCX ou Rod Stewart y ont poussé la chansonnette devant les plus de 200 000 spectateurs réunis en ce week-end de fin juin. Mais les rappeurs Bob Vylan ou Kneecap feront finalement plus de bruit : sur scène et en direct sur la BBC, le premier a appelé à la mort des soldats de l’Etat hébreu et le second a accusé Israël d’être un État « criminel de guerre » devant la foule.
A lire aussi
Analyse A Avignon, le directeur et des artistes s’engagent pour Gaza et s’attirent les foudres de CNews
Cet été, la guerre à Gaza semble ainsi s’immiscer dans les festivals de musique. Ce mardi 16 juillet, encore, le choix d’inviter le chanteur franco-israélien Amir aux Francofolies de Spa qui s’ouvrent ce jeudi, a indigné. Yoa, la sensation des dernières Victoires de la musique, vient d’annuler sa venue à cause de sa présence. Dix autres artistes invités ont également protesté dans un communiqué commun. « Nous nous désolidarisons fermement de la décision de programmer Amir » ont-ils écrit.
En cause : un collectif a accusé Amir sur Instagram d’être « un sergent-chef de l’armée israélienne » et de soutenir le « génocide » en cours dans la bande de Gaza. Le post dénonce notamment un concert qu’il a donné à Hébron, une colonie israélienne illégale au regard du droit international, ou en hommage aux soldats de l’Etat hébreu. Les dirigeants du festival ont alors rappelé être « révoltés par la tragédie en cours à Gaza » mais ont décidé de maintenir sa programmation dans un communiqué.
« La paix, un jour en Palestine »Début juillet, le festival Rock en Seine a lui perdu 40 000 euros de subventions par la municipalité de Saint-Cloud. La raison ? La programmation du groupe de rappeurs nord-irlandais Kneecap – connu désormais pour ses propos anti-israéliens à Glastonbury mais aussi parce que l’un de ses membres a brandi lors d’un concert à Londres en novembre dernier le drapeau du Hezbollah, dont la branche armée est considérée comme terroriste par l’Union européenne.
D’autres fois, la guerre à Gaza s’invite sans polémiques. Comme quand les rappeurs Bigflo et Oli ont remodelé leur tube « Dommage » au festival Les Déferlantes fin juin. Le public les a alors entendus chanter l’histoire d’un « enfant de la guerre » fictif : Sami, 10 ans, qui s’endort le soir « avec le bruit des bombes » dans sa maison où il ne « reste que de la poussière ». Et de conclure le poing levé sur scène : « Il dessine à la craie une fleur sans épines, il espère voir la paix, un jour en Palestine ».
Kneecap toujours programméPlus souvent, les drapeaux palestiniens sont brandis par les artistes. Une fois, le 2 juin dernier, voilà la star américaine du R’n’B SZA qui le prend dans le public de We Love Green pour l’agiter, tout en continuant de chanter son titre « 20 Something » et en lançant un « Free Palestine ». Une autre fois, c’est le chanteur gazaoui Marwan Abdelhamid, alias Saint Levant, connu pour son album « From Gaza With Love », qui l’arbore pendant son concert aux Francofolies de La Rochelle, le 15 juillet dernier.
Et la guerre à Gaza risque de continuer de s’inviter sur les scènes au cours de l’été. Le groupe Kneecap est en effet encore programmé le dimanche 17 août au festival Cabaret Vert, où il est présenté comme une figure du « hip-hop dans sa forme la plus puissante et révolutionnaire, brisant les interdictions et les barricades ». Les publics des grandes scènes que sont Dour ce samedi ou Lollapalooza ce dimanche pourront eux entendre le gazaoui Saint Levant. Il aura alors assurément son drapeau palestinien à la main et le mot « génocide » à la bouche.
Le Nouvel Observateur