Guet-apens, policier blessé, appartement incendié : que sait-on des violences à Béziers ce week-end ?

La police comme le parquet parlent d’un piège tendu aux forces de l’ordre, dans la nuit de samedi à dimanche, dans le quartier paupérisé de la Devèze.
Les fauteurs de troubles « ont contacté eux-mêmes les pompiers pour un feu de poubelle (et) ils étaient près d’une cinquantaine, dont certains sur les toits des immeubles », à leur arrivée, relate le commissaire Eric Agniel.
Les pompiers ont alors contacté la police, entraînant l’arrivée de plusieurs membres de la brigade anticriminalité qui se sont retrouvés « piégés par des individus », poursuit-il. Ce qu’il qualifie d'« émeute » a finalement été stoppé à la suite de l’embrasement d’un appartement, touché par un tir de mortier d’artifice pendant ces violences. Aucune interpellation n’a eu lieu à ce stade.
Le sinistre a totalement détruit l’appartement de 130 m² où vivait une dame avec ses trois enfants majeurs, tuant le chat. Une dizaine d’occupants de l’immeuble au total ont été évacués.
« Le mortier a embrasé l’appartement et a nécessité le sauvetage au moyen de l’échelle d’une personne bloquée au 4e et d’autres personnes réfugiées sur le toit. Les secours ont dû intervenir dans une situation tendue, sous protection des forces de sécurité intérieure », ont précisé les sapeurs-pompiers de l’Hérault.
Sur Facebook, la municipalité, dirigée par Robert Ménard, anciennement proche des figures de l'extrême droite Marine Le Pen et Eric Zemmour, a annoncé avoir relogé la famille sinistrée, qualifiant ces violences d'« inadmissibles ».
Un policier a été légèrement blessé au mollet, également par un tir de mortier, précise de son côté le commissaire Agniel.
Pour le procureur de la République de Béziers, Raphaël Balland, « ces faits seront susceptibles d’être qualifiés de violences avec arme, dans le cadre d’un guet-apens, et sur personne dépositaire de l’autorité publique, (et) de destruction volontaire par incendie du bien d’autrui, et font encourir 10 ans d’emprisonnement à leurs auteurs ».
Une attaque liée à des arrestations ?Selon le magistrat, ces événements « sont probablement en rapport avec une série d’interpellations de petits revendeurs et la saisie d’une importante quantité de stupéfiants ces derniers jours dans ce quartier ».
Un mineur soupçonné de revendre des stupéfiants avait ainsi été déféré samedi devant le juge des enfants, un second devait l’être dimanche et un majeur sera jugé en comparution immédiate lundi.
De son côté, le préfet de l’Hérault a annoncé le renfort d’une unité de CRS nouvelle génération pour la nuit de dimanche à lundi à la Devèze.
J’ai décidé le renforcement des moyens de la police nationale ce soir dans le quartier de La Devèze #Béziers (une section d’une unité de CRS nouvelle génération sera présente) après les faits graves qui s’y sont déroulés cette nuit (jets de mortiers contre les policiers, incendie… pic.twitter.com/vsiQF3CECh
— Préfet de l'Hérault 🇫🇷 (@Prefet34) July 20, 2025
Depuis quelques années, des villes moyennes comme Béziers, ou Nîmes dans le département voisin du Gard, sont rattrapées par le narcotrafic, avec un niveau de violences jusqu’alors réservé à Marseille, épicentre du narcobanditisme dans le sud de la France.
À Nîmes, après une succession d’actes criminels graves, le préfet a également annoncé des renforts policiers et la mairie vient de décider d’un couvre-feu pour 15 jours dès lundi pour les moins de 16 ans à partir de 21 heures.
SudOuest