John Madu devient le premier artiste africain à être exposé au musée Van Gogh

Le Nigérian présente Paint your path, Peins ton chemin, une collection de dix tableaux que lui a inspiré l’œuvre du peintre néerlandais.
Des coups de pinceaux expressifs dessinent un homme assis à table, le visage caché derrière un livre d'estampes japonaises, une chaise dans le coin de la chambre et un passeport nigérian sur la table. En dialogue direct avec l'œuvre de Van Gogh, il s'agit d'un des dix tableaux du peintre nigérian John Madu, créé spécialement pour son exposition Paint your path (Peins ton chemin), la toute première exposition d'un artiste africain au musée Van Gogh d'Amsterdam, inaugurée ce vendredi.
L'exposition de John Madu, 42 ans, est constituée de dix œuvres créées en l'espace de trois mois dans son studio de Lagos (Nigeria), en réponse à sept tableaux de l'artiste maudit néerlandais. « Avant même de savoir qui était Van Gogh, je connaissais son œuvre », a expliqué l'artiste qui, lorsqu'il était enfant, admirait les calendriers de peintures impressionnistes de son père. « Les œuvres de Van Gogh m'ont frappé à cause des jaunes, des tourbillons, des traits », a-t-il déclaré à l'AFP.
L’univers de Van Gogh est conçu pour que les gens s’y identifient. Pour que le mélange soit parfait, les traits, les coups de pinceau, le thème des couleurs devaient se rejoindre... Cela donne l’impression que les œuvres n’en font qu’une
John Madu
John Madu joue avec le fait que les œuvres de Van Gogh sont parmi les plus reconnaissables au monde pour établir un lien entre le local et le global, notamment à travers l'exercice de l'autoportrait et l'utilisation de symboles. Ainsi, la célèbre chaise en bois de Van Gogh devient à travers le pinceau de John Madu une chaise en plastique blanc, parfois sujet principal de l'œuvre, parfois transportée sur les épaules d'un protagoniste (à l'image du peintre) qui rentre dans un café provençal à la façade jaune. « L'univers de Van Gogh est conçu pour que les gens s'y identifient, poursuit l'artiste. Pour que le mélange soit parfait, les traits, les coups de pinceau, le thème des couleurs devaient se rejoindre... Cela donne l'impression que les œuvres n'en font qu'une », résume-t-il.
Ce n'est pas la première fois que le peintre nigérian établit un dialogue entre ses œuvres et des artistes occidentaux, ayant créé dans le passé des tableaux inspirés de Gustav Klimt, Edward Hopper ou encore Norman Rockwell. Des références qui ont résonné auprès des « Beeldbrekers » (les « recadreurs »), un groupe de jeunes adultes co-commanditaires de l'exposition et dont l'objectif est de rendre le musée Van Gogh plus ouvert à la diversité, dans ses expositions comme dans son accessibilité.
À lire aussi Omar Victor Diop, le photographe de l’Afrique nouvelle
« Pour moi en particulier, c'est une sorte de représentation de voir un artiste africain dans un musée comme celui-ci », a déclaré Himaya Ayo, membre des Beeldbrekers. « C'est l'occasion de prendre part à un moment extraordinaire, mais aussi très historique », explique la jeune femme de 22 ans, elle-même artiste.
lefigaro