Le soleil s’expose à travers la Corse durant tout l’été

On entre dans l’ombre de la caserne désaffectée par un champ de « soleils » à l’inquiétante étrangeté : des tournesols en plan fixe que l’artiste Rose Lowder a fait vibrer, en boucle, par une captation où le point est fait en continu entre le premier plan et l’arrière-plan. Cette vidéo très picturale de 1982 ouvre le parcours de « Plein soleil » à travers l’ancienne caserne militaire Montlaur, dans la citadelle de Bonifacio, en Corse-du-Sud.
L’exposition est le contrechamp de l’exposition « La Notte », déambulation dans une nuit méditerranéenne à travers une sélection d’œuvres du Centre Pompidou présentée là il y a deux ans par l’équipe De Renava, le trio de trentenaires qui a lancé la Biennale de Bonifacio en 2022, et qui, les années « off », propose une exposition thématique à partir d’une collection.
Pour cette deuxième collaboration avec le musée, la proposition s’éloigne du tropisme méditerranéen qui est au cœur de leur démarche pour une proposition tout aussi atmosphérique, mais plus conceptuelle.
E-clip-se (1999), de Chris Marker, a été filmée au Jardin des plantes, à Paris, lors d’une éclipse solaire totale, « éclipsée » par le cinéaste, qui s’est amusé à tirer le réel vers la science-fiction par le spectacle des observateurs du phénomène, les visages masqués de lunettes de protection. Plus loin, une installation de Laurent Grasso, dont l’œuvre est nourrie de phénomènes célestes, semble lui faire écho, à partir d’images d’archives documentant l’apparition d’une « danse du soleil », qui avait rassemblé quelque 70 000 personnes, le 13 octobre 1917, près de la ville de Fatima, au Portugal. Miracle, hallucination collective ou accident météorologique, on ne voit là encore de ce spectacle que la foule qui l’observe.
Il vous reste 74.81% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Le Monde