Le street art d’Invader, une autre façon d’arpenter les villes

À Paris, Marseille, Londres, Tokyo ou encore New York, le street-artiste français a multiplié les mosaïques en pixels sur les murs et les trottoirs. Une appli permet de les chasser pour engranger des points. Il n’y a rien à gagner, s’étonnait en juin 2022 cette journaliste américaine, si ce n’est le plaisir de se promener en regardant les villes autrement.
[Cet article a été publié pour la première fois sur notre site le 7 août 2022, et republié le 9 mai 2025]
Au sommet de la tour Eiffel, pendant que la plupart des visiteurs immortalisent le panorama, Laura Fromm tourne le dos à la Ville Lumière. Son zoom à elle est braqué sur une petite mosaïque colorée, d’environ 25 centimètres, fixée sur le monument lui-même.
Cette œuvre d’art faite de petits carreaux de carrelage s’inspire des personnages de pixels du jeu vidéo de 1978 Space Invaders [“Les envahisseurs de l’espace”]. De ces mosaïques, il en existe des milliers, sur des immeubles, des trottoirs, sous des ponts routiers, dans des grandes villes de France, mais aussi ailleurs en Europe, en Amérique du Nord, en Afrique, en Asie et, depuis peu, en Bolivie.
Laura Fromm, elle, a repéré de ces envahisseurs à Paris, à Marseille, à Avignon et à Bruxelles – à ce jour, elle en a compté 1 675. Si elle connaît précisément le chiffre de cet inventaire, c’est parce qu’elle a téléchargé une appli de “chasse” aux envahisseurs [appelée FlashInvaders] qui lui permet d’engranger des points à chaque exemplaire trouvé.
L’artiste à l’origine de ces mosaïques, qui se fait appeler Invader, place ses œuvres dans les recoins les plus inattendus des grandes villes depuis plus de vingt ans maintenant – dans sa démarche, le street art dénonce l’emprise du numérique sur nos vies quotidiennes. Rien qu’à Paris, on trouve ses petits envahisseurs jusque dans des librairies
Courrier International