Les Misérables et La Haine, grands vainqueurs des Trophées de la comédie musicale
Applaudie par 100 000 spectateurs au théâtre du Châtelet cet hiver et déjà récompensé par sept Molières, la troupe des Misérables a décroché sept trophées hier à Mogador.
Ce lundi 23 juin était celui des grands soirs devant le théâtre Mogador à Paris. Pour la 7e cérémonie des Trophées de la comédie musicale, l’équivalent français des Tony Awards de Broadway, tout le milieu se pressait sur le tapis rouge. Les metteurs en scène Thomas Jolly, Ladislas Chollat et près de 1 000 invités tous chorégraphes, auteurs, acteurs, chanteurs ou danseurs posaient joyeusement sous les crépitements des photographes. La troupe du Roi Lion côtoyait celles des Misérables, de Virginie & Paul et de La Haine. La plus délurée était évidemment celle des Caramels fous, une troupe amateur et association gay, dont les shows musicaux parodiques sont si drôles.
Quand la pénombre s’est faite dans le théâtre de 1600 fauteuils rouges, il n’y avait plus un strapontin de libre. Près de 400 particuliers, mordus de comédie musicale, avaient acheté leur billet. Ils avaient bien raison : les Trophées sont une cérémonie de remise de prix mais également un grand show. Extraits de pièces nommées et numéros spécialement crées pour la soirée sont au programme. Très fier de ses sept musiciens, le président de la cérémonie, Patrick Niedo a d’emblée précisé : «Broadway nous soutient. Les Tonys nous considèrent comme leurs petits-neveux. Comme aux Tony Awards, le premier et le dernier numéro sont des originaux, spécialement créés pour l’occasion.» D’ici début juillet, le public pourra les découvrir sur la chaîne YouTube des Trophées. Baptisé L’Air du trac, l’ouverture est un hommage à tous les artistes qui ont si peur avant le lever de rideau.
La clôture était un immense hymne au Disco avec les airs de Saturday Night Fever, Mamma Mia, DreamGirls et de Moulin Rouge. Dans le programme, la liste des 50 spectacles éligibles dans 18 catégories donnait le tournis. «Beaucoup de comédies musicales sont créées chaque année en France. Les Français adorent ce genre», a souligné Patrick Niedo. La rentrée, il est vrai s’annonce particulièrement riche avec Les Demoiselles de Rochefort au Lido, la tournée des Misérables, un Arsène Lupin, un Fantômes de l’Opéra, deux Monte-Cristo et Dear Evan Hansen à la Madeleine à Paris.
Passé minuit, il était temps de faire les comptes. Grand favori avec 11 nominations, Les Misérables sont repartis avec 7 récompenses dont celles très méritées pour le metteur en scène Ladislas Chollat, David Alexis pour second rôle masculin, Océane Demontis pour la révélation féminine et Jean-Daniel Vuillermoz pour les costumes. Cette production des «Miz» aurait logiquement dû décrocher le trophée de la meilleure comédie musicale mais le jury privilégie la création originale.
Les Miz ont donc eu le prix de la meilleure reprise. Après avoir joué à guichets fermés au Théâtre du Châtelet avec 100 000 spectateurs pour 52 levers de rideau cet hiver, la troupe partira en tournée à Lyon, Lille et Nantes du 19 février 2026 au 26 avril. Jean Valjean et Cosette reviendront à Paris au Théâtre du Châtelet à partir de novembre 2026. Ce mardi matin, malgré le peu de sommeil, le coproducteur Stéphane Letellier était fou de joie : «J’ai battu mon record personnel. Après six trophées pour Oliver Twist , les Miz ont 7 récompenses !» Pour ce passionné de Broadway et du West End, «ces trophées précédés du Molière, il y a quelques semaines, sont la récompense de sept ans de travail acharné. Je suis extrêmement heureux d’avoir remis en avant cette œuvre d’Alain Boublil et de Claude-Michel Schönberg. Pendant trente ans, ils ont connu un succès planétaire sauf chez eux en France ! Cette blessure est désormais guérie.» Pour le plus grand plaisir de Mogador, les créateurs des Misérables, Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg ont reçu un trophée d’honneur. Ces messieurs qui résident à Londres s’étaient réparti les rôles. Schönberg est venu seul aux Molières. Boublil a fait de même à Mogador.
Dans un autre genre, le musical de poche Virginie & Paul a été récompensé par trois trophées. La Haine de Mathieu Kassovitz est repartie avec deux prix dont celui des meilleurs chorégraphes pour Yaman Okur et Emilie Capel. Orgueil et préjugés...ou presque a décroché également deux prix. La troupe du Chat botté, le musical, a ronronné de bonheur en recevant le prix du meilleur spectacle pour enfants. Celui pour le spectacle musical a été décerné à Chère Insaisissable.
Vu le succès et la vitalité du genre, l’association des Trophées espère l’aide de la ministre de la Culture, Rachida Dati l’an prochain. L’équipe de Patrick Niedo rêve notamment d’avoir de quoi financer des décors. Contrairement aux Tony Awards, où l’inscription coûte plus de 100 000 dollars aux producteurs, ces Trophées sont accessibles à tous. Y compris aux petites productions. Le budget de l’association de 70 0000 euros est essentiellement financé grâce aux sponsors privés. À cela s’ajoutent les aides du métier. Disneyland Paris a, par exemple, délégué quatre spécialistes de ses parades et prêté ses costumes. Le géant américain qui produit tant de shows dans ses parcs a un intérêt bien compris à aider les Trophées de la Comédie musicale. Non seulement, il y fait «son marché» mais surtout il est un employeur phare du secteur. Le monde de la comédie musicale est petit. La plupart des danseurs, acteurs et chanteurs intermittents travaillent chez Disney entre deux comédies musicales. Avec toutes ses parades et ses shows, la «souris» a toujours besoin d’un vivier de talents.
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