Les Rencontres de la photographie d'Arles : à ne pas rater, treize expositions qui bousculent le regard sur le monde

Pour deux mois et comme chaque année depuis 1970, Arles devient le centre du monde de la photographie. Du noir et blanc classique, de la couleur criarde, des récits intimes, des manifestes politiques, des photos brodées ou des images de guerre, l'image s'impose en ville. Voici treize expositions à ne pas rater aux Rencontres de la photographie 2025 : "Images indociles", qui ont lieu jusqu'au 5 octobre 2025 dans des dizaines de lieux de la ville d'Arles. In et Off compris.
1Nan Goldin, rock star de la photo/2025/07/09/2025-gold-04-grande-686e2c2615cae629884988.jpeg)
C'est la rock star de cette édition. Lorsqu'elle pénètre dans l'amphithéâtre d'Arles, toute de noir vêtue et dans le mistral qui souffle mardi 8 juillet, le public ressemble à une troupe d'admirateurs émus. Même si la silhouette est fragile, l'artiste américaine est bien là. Elle reçoit le prix Kering Women in Motion et, avec son humour ravageur, réplique : "Je reçois un prix de la 'femme en mouvement' alors que je peux à peine marcher !". Elle, depuis plus de cinquante ans, capture son entourage ravagé par la drogue ou enchanté par les fêtes, son monde qui vacille dans des lumières crues, entre violence et la tendresse.
De sa voix rauque, elle affirme : "I am queer" (je suis queer). Et quand surgissent sur un écran géant les images de Memory Lost, son film sur l'addiction fait de photographies, de films super 8, de messages téléphoniques crachotants accompagnés d'un rock brutal mêlé à de Schubert, c'est l'œuvre d'une grande dame de la photographie toujours en colère qui s'impose. Toujours militante, elle lit au côté d'Édouard Louis un texte de lutte en faveur de Gaza, affirmant sa colère face au silence.
Aux Rencontres, dans la chapelle Sainte Blaise, sa dernière création, Syndrome de Stendhal (2024), est plus sereine. Face à face, ses photographies et des détails des chefs-d'œuvre de l'art classique, de la Renaissance et du baroque. Ses amis nus et défoncés, souriants ou désespérés, aux corps sensuels ou blessés sont à ainsi à la hauteur des grands maîtres. Nan Goldin n'a pas oublié sa devise : "Ma photographie a toujours cherché à conjurer la perte : celle des personnes, des lieux, des expériences, des souvenirs. (...) C'est une façon pour moi de témoigner aux gens l'admiration et l'amour que je leur porte."
"Syndrome de Stendhal" de Nan Goldin est présenté à l'église Saint Blaise (attention, petite jauge de 25 personnes)
2David Armstrong, le mélancolique dandy/2025/07/09/2025-arms-01-686e2e7defe3c665145497.jpg)
Ami de Nan Goldin, David Armstrong lui aussi pose son regard sur son entourage dans les années 1970/1980. Ils se sont connus à Boston. Mais si la photographe capte sans relâche, crue et au plus près du quotidien, David Armstrong pose son appareil, son 6x6, et soigne un cadre. C'est un portraitiste classique, avec une lumière élégante. Comme l'explique le commissaire de l'exposition Matthieu Humery à franceinfo Culture, "David ne voulait pas juste attraper un moment, il avait besoin du filtre de l'appareil, il avait besoin de cette caméra, il avait besoin de cette construction, de ce soin à cadrer. Même dans une période qui fut très douloureuse, celle de l'épidémie de sida, plus ça devenait douloureux, plus il avait envie de soigner ses photographies."
Dans l'exposition à la scénographie très soignée, face aux portraits de cette génération, à la fois rock et délicats, les paysages de David Armstrong sont brumeux comme dans un brouillard. Matthieu Humery rajoute : "On présente une douzaine de paysages qui sont tous flous, vaporeux. Pour lui, c'était un peu cette idée de mélancolie dans une période très dure. Et quelque part, c'est sa réponse à lui, avec ce flou, cette disparition." Réunir ainsi ces deux regards, Goldin et Armstrong donne à voir deux regards divergents mais qui racontent la même époque, les mêmes désespoirs et rires.
David Armstrong est présenté à La Tour, parc des Ateliers, Fondation Luma
3Louis Stettner, le photographe oublié/2025/07/09/13-1975-ny-manifestants-grande-686e39044f064476153646.jpeg)
Lui aussi fut un rebelle à sa façon. Louis Stettner a un peu disparu des cimaises des expositions. Pourtant, cet Américain né en 1922, ami de Boubat et de Brassaï, bourlinguant de New York à Paris, et documentant les luttes sociales aux États-Unis – lui qui s'est toujours déclaré marxiste – a un parcours exemplaire de liberté et rigueur. Très engagé, le FBI le surveille, le met sur écoute. La commissaire de l'exposition Virginie Chardin a eu la belle idée de fouiller les archives conservées par son épouse Rachel, près de Paris. Elle nous confie que si Stettner est un peu oublié, c'est aussi cela sa qualité, intransigeant et sans concession vis-à-vis des galeries ou des agences de presse. Les photographies de ces ouvriers dans les années 1970 d'un noir et blanc extrêmement contrasté le prouvent. Il est de ce côté-là. Ses portraits sont un hymne à ceux qui travaillent avec leurs mains dans des conditions difficiles. "Lorsqu'il photographie des manifestants, des travailleurs, il veut vraiment les montrer en majesté, les montrer sous l'angle de la solidité, de la combativité, et surtout pas d'une façon misérabiliste", nous déclare la commissaire. "C'est vraiment au cœur de son engagement, au cœur de sa vie tout simplement. Mais je pense que lui-même ne se sentait pas si différent."
"Le monde de Louis Stettner" est à voir à l'espace Van Gogh
4Yves Saint Laurent, un modèle en beauté/2025/07/09/2025-sain-03-grande-686e417acec48986676202.jpeg)
Simon Baker, patron de la Maison européenne de la photographie, à Paris, et commissaire de l'exposition avec qui franceinfo Culture visite l'exposition Yves Saint Laurent et la photographie, aime à le répéter dans un français teinté d'accent British : "Il a le style, il était stylé à chaque instant de sa vie." Les plus grands portraitistes du XXe siècle ont fait poser le créateur génial de la haute couture. L'homme à l'âme tourmentée semble si rassuré devant leurs objectifs. Ils se nomment Richard Avedon, Cecil Beaton, Robert Doisneau, Jean-Paul Goude, Françoise Huguier, William Klein, Sarah Moon, Bettina Rheims, Jeanloup Sieff ou Sabine Weiss, le bottin mondain de la photographie.
Simon Baker est admiratif : "On voit un jeune homme de 21 ans photographié par Irving Penn. C'est une photo de Pen parfaite. Plus tard, quand il est photographié par Hermann Newton, c'est une photo de Newton parfaite. Je pense aussi à sa photo par Jeanloup Sieff. II a choisi d'être à poil. Et c'est tellement magnifique cette photo. Tout le monde sait qu'il était très timide. Il a fait ce pari d'être nu dans ses propres publicités."
5Camille Lévêque à la recherche du père/2025/07/09/camille-leveque-012-grande-686e589f6bf5f586411130.jpeg)
Changement d'ambiance. Direction Ground Control, vers la gare et une ambiance de site industriel. Le vent soulève la poussière mais cela n'empêche pas Camille Lévêque de défendre âprement son projet. À la recherche du père raconte autant sa quête intime d'un père parti et absent longtemps durant son enfance qu'une réflexion riche et profonde sur la paternité, le masculinisme et l'image du mari dans le couple. Camille Lévêque triture les images iconiques des bons maris, des bons pères, des chefs de famille et même de Staline, "le bon père des peuples".
Elle nous explique : "Mon propos et mon projet est de réfléchir à ces rôles genrés, sortir de ces représentations qui sont archaïques. Dieu merci. Aujourd'hui, on repense la famille, elle n'est pas nucléaire, elle peut être monoparentale, elle peut être homoparentale. Donc il y a ces questions évidemment politiques, féministes, mais vraiment surtout politiques sur la construction de la famille, la construction de la société et les rôles de genre."
En déconstruisant les images, en brouillant les stéréotypes, l'artiste permet une déambulation dans ce hangar, comme une nouvelle page en image d'une autre société.
La série de Camille Lévêque "À la recherche du père" est à voir à Ground Control
6"On Country", l'Australie rendue aux autochtones/2025/07/09/michaelcook-grande-686e5c2388f55745412749.jpeg)
C'est l'exposition la plus ambitieuse des Rencontres. Carte blanche à la photographie australienne. On Country : photographie d'Australie rassemble des artistes autochtones et non-autochtones qui explorent leurs terres et leurs histoires. Les images accrochées dans la belle église Sainte-Anne racontent la colonisation, l'asservissement des peuples premiers, l'effacement de leurs relations à cette terre. Les colons ont balayé cette histoire.
Elias Redstone est le chef d'orchestre du rassemblement de ces artistes, il nous explique le titre de l'exposition : "
"On Country" est à voir à l'église Saint-Anne, place de la République
7 Letizia Battaglia, le courage d'une photographe/2025/07/09/4-lb-quartiere-cala-la-bambina-con-il-pallone-palermo-1980-grande-686e65ff21f4e255060413.jpeg)
Des noirs et blancs denses et contrastés. Des sœurs en pleurs, des mères qui hurlent la perte d'un fils. Des mafieux menottés ayant perdu leur arrogance, des juges protégés mais bientôt abattus. Voici l'univers de Letizia Battaglia. Nous sommes à Palerme, années 1980, la guerre des mafias est sanglante. Pour le quotidien L'Ora, la photographe capte les tragiques événements mafieux qui ensanglantent la capitale de la Sicile pendant plus d'une décennie. Mais jamais elle n'oublie devant ce spectacle que des hommes et femmes vivent au plus proche de ses événements. Walter Guadagnini, le commissaire de l'exposition sait ce qui animait la photographe : "Dans la vie, il y a la violence, il y a l'amour, il y a la mort, il y a tout ça. Et elle a voulu raconter tout ça naturellement, elle a dû raconter la violence parce qu'elle était dans une terre très violente. Elle a voulu les documenter, les dénoncer, mais en même temps, elle a toujours dit qu'elle cherchait la vie." Et aux côtés des ces travaux sur Palerme en sang, le visiteur découvre une photographe auprès des malades mentaux, des laissés-pour-compte, plus simplement de ses contemporains.
Letizia Battaglia : "J'ai toujours cherché la vie" est à voir à la chapelle Saint-Martin du Méjan
8 MYOP, le collectif a 20 ans/2025/07/09/4500-686e6c8356c25643676237.jpeg)
L'agence Myop, ce sont des photojournalistes qui depuis deux décennies sillonnent le monde pour informer et documenter cette terre en ébullition. En vingt ans, ce sont des dizaines de milliers de clichés. Pour fêter l'anniversaire, il fallait inventer donc une scénographie astucieuse. Aux anciennes Douches municipales, à l'allure d'urbex, un long couloir, les portes sont tapissées de détails, des crops de leurs images.
Au fond, un grand écran où défilent les photographies trop vite, comme un kaléidoscope. Mais asseyez-vous et la folie du monde tempère son rythme. La présence d'un visiteur suffit à calmer l'emballement médiatique. Astucieux, nous disions. Mais la mise en scène ne suffit pas, si le message est vain. Donc, c'est Alain Keler, l'"ancêtre" de l'agence comme il le dit lui-même, qui le délivre à franceinfo Culture : "La photo ? C'est la passion et aussi le fait de se retrouver ensemble. C'est important pour les photographes parce que quand on est trop isolé, on perd un peu pied par rapport au métier. Et bien chez MYOP, on fait des choses ensemble, on fait des livres, on fait des revues. On se voit, on picole, on parle un peu photo et puis on avance, enfin on avance". Mais si l'agence garde le cap et se développe, l'avenir est noir et blanc. Antoine Kimmerlin, l'administrateur de l'agence et Stéphane Lagoutte, photographe, le reconnaissent. La presse n'achète plus, les jeunes photographes vivotent souvent de leurs métiers et l'IA guette. L'IA sera, durant toute la semaine du festival, un des sujets de préoccupations.
9Avec la chambre d'Éric Bouvet/2025/07/09/image-453-686e74e8ee5d6862082361.jpg)
S'il est bien un grand reporter bardé de récompenses pour avoir sillonné la planète, c'est bien Éric Bouvet. Mais ses grands formats noir et blanc sur supports métalliques ressemblants à des pages de cahier arrachés, sont loin de son univers de guerre et de conflits. Il répond à la remarque : "Oui bien sûr, car du photojournalisme je passe à un sujet plus 'artistique' mais surtout documentaire." Ce monde du sexe capturé avec humour est un véritable documentaire. Il renchérit : "C'est ce qui m'intéresse avec le médium photographique, c'est d'utiliser les différents outils. Mon travail, qu'il soit auteur, documentaire, portraitiste ou journaliste, n'a qu'une mission, c'est de laisser trace. Que dans le futur, on puisse comprendre ce qu'était cette époque où nous vivons."
Éric Bouvet utilise une chambre photographique, un monstre en poids et envergure, mais un outil génial pour un rendu si fin. "La chambre m'apporte plus de sérénité, on n'est souvent pas loin de la contemplation. Une autre manière de vivre", dit-il.
"Sex, love…" à voir à la galerie VoX, 68 rue du 4 septembre
10Marion Dubier-Clark, brodeuse de photographies/2025/07/09/whatsapp-image-2025-07-08-at-18-58-06-686e772ee0749277735492.jpg)
Marion Dubiet-Clark a trouvé un autre moyen de ralentir le temps. Photographe parcourant le monde, voyageuse, depuis cinq ans, depuis les années Covid, angoissée comme beaucoup de monde, elle fait subir à ses propres images le supplice de l'aiguille. Elle avait une pratique de la maroquinerie. Ainsi est venue l'idée de broder certains détails et ainsi sa photo prend une nouvelle allure. C'est pop, c'est joyeux, la matière change le point de vue.
"La photo prend une nouvelle dimension visuelle", dit-elle. "J'ai toujours envie de transmettre de la joie dans mes photos, alors avec des fils de couleurs vives. Je me dis, des fois, la vie n'est pas facile, en tant que photographe, le fait de partager des photos joyeuses, de la légèreté me plaît". Ce grand format, The Door, Palm Springs raconte une Californie de 120 cm sur 160, capturé au 60e de seconde. Mais il a fallu 10 jours à raison de 8 heures par jour, un travail qui lui permet de prendre le temps.
Marion Dubiet-Clark expose à Fujikina dans l'ancienne École nationale supérieure de la photographie, rue des Arènes, et à la Little Big Galerie, rue de l'Hôtel de Ville.
11Jean-Michel André, la quête des souvenirs/2025/07/09/2025-andr-04-grande-686e80be4c77a250318466.jpeg)
C'est à Croisière, ce lieu ouvert aux quatre vents, mais qui regroupe toujours des expositions à ne pas manquer, que nous retrouvons Jean-Michel André. Son livre Chambre 207, paru il y a un an aux éditions Actes Sud, racontait la quête personnelle du photographe. Le récit était à la fois celui d'un drame, celui du photographe et un fait-divers jamais élucidé. Le 5 août 1983, le père de Jean-Michel André est assassiné avec six autres personnes dans un hôtel d'Avignon. Ils étaient en famille sur la route des vacances. Dans son livre relevant de l'autofiction, Jean-Michel André voyage sur les traces de souvenirs disparus...
Voici le livre transposé en exposition. Le récit est le même mais la déambulation, sa lecture changent, donnant encore plus de force aux images, à la poésie de cette recherche du père perdu. Le photographe dit à franceinfo Culture : "C'est un projet avec lequel j'interroge les limites de l'image. Qu'est-ce que l'on peut ? Il y a eu des images horribles qui ont été véhiculées par la presse. Soit je les brûle, soit je les recadre. Donc il y a un geste thérapeutique à la base, suivi d'un geste artistique".
À la suite de l'assassinat de son père, Jean-Michel André a perdu la mémoire de cette tragédie vécue ce soir-là. Black out, effacement. Durant de longues années, le projet a mûri et il en dit : "Puisque je n'ai aucun souvenir, donc c'est un peu comme si je réinventais la fin de l'histoire, donc un peu comme dans un conte pour enfants où on a peur. Mais au final, il faut doser tout ça pour que ce soit une expérience qui puisse nous porter vers le haut plutôt que nous porter vers le bas et cela, la photo peut le faire."
Voir "Chambre 207" à Croisière
12Et si la photo vous adressait la parole ?/2025/07/09/unnamed-686e8241e5050358691311.jpg)
Pour se faire une place dans les dizaines d'expositions du In et Off arlésiens, il faut aussi des idées. Des scénographies originales, des designs remarquables, des lieux hors du commun. James Vil, lui, a eu une étincelle. "Si les photographies prenaient la parole", énonce-t-il. Le principe est simple. Un QR code, un scan et dans vos oreilles, une histoire. Ainsi vous partez en flânerie sonore en regardant les photographies accrochées.
Les paysages de Madagascar, ces enfants déliant un filet ou tirant le bateau de retour de la pêche. Écoutez : "Je suis la plage qui résiste. Les hommes me labourent à la corde. Ils tirent, lentement, comme on tire sur le jour. Chaque pas en arrière est une avancée pour la barque. Je sens leurs muscles, leur souffle." La voix de Guy Chapelier envoûte, le décor prend vie, et c'est une manière de donner au spectateur les mots que le photographe devinait quand il a appuyé sur son déclencheur. La magie opère. Image et son font leur cinéma.
13 Karine Sicard Bouvatier, la jeunesse détruite des déportés/2025/07/09/ottofulop-686e7bdd8b78e278940589.jpeg)
C'est une exposition, Déportés, j'avais ton âge qu'il faut visiter en silence. Le propos : ne pas oublier la déportation, mais garder le souvenir ne suffit pas à la photographe Karine Sicard Bouvatier. Elle désire que ce témoignage survive au temps qui passe. Ils ont entre 90 et 100 ans. Ils avaient entre 5 et 15 ans lorsqu'ils furent arrêtés et déportés. La photographe les a immortalisés chez eux, bien des années plus tard. Mais pas seul.
L'idée de Karine Sicard Bouvatier : les photographier avec un enfant, un jeune de l'âge qu'ils avaient lorsque leur vie a basculé vers la tragédie. La photographe explique à franceinfo Culture l'esprit de sa démarche : "Cette histoire est ancienne, c'est comme une bougie qui s'éteindrait, et voilà la flamme qui diminue et le jeune est cette autre bougie qui s'approche et qu'on rallume pour que cette bougie puisse continuer éternellement parce qu'ils pourront la transmettre à d'autres après. Et donc ces photos, c'est un document de ce passage."
Les portraits sont comme des photos de famille, alors qu'ils ne se connaissaient pas deux heures avant. Pas de mise en scène, mais surgit l'émotion en regardant ces deux inconnus qui racontent ce drame indépassable. Le jeune parfois ressemble à l'ancien. Toujours une complicité se lit dans l'attitude, dans le regard. Parfois l'enfant protège le rescapé. Elle aussi, Karine Sicard Bouvatier, a arrêté le monde.
Karine Sicard Bouvatier au Temple d'Arles du 5 au 27 juillet 2025, pour l'exposition "Déportés, j'avais ton âge"
Rencontres de la photographie d'Arles 2025. Images Indociles jusqu'au 5 octobre 2025 et Festival Arles Off dans les rues et galeries d'Arles
Francetvinfo