Mort de Ziad Rahbani, légende de la musique libanaise

C’est peu dire que le Liban le pleure. Et pourtant, pour être iconique, Ziad Rahbani, mort à 69 ans à Beyrouth, n’était pas du genre consensuel, adhérent au parti communiste et toujours prompt à pointer les dérives claniques d’un pays soumis aux arrangements entre gens de bonne famille. En 1998, interviewé par Libération à l’occasion d’un concert parisien, il ne s’embarrassait pas de périphrases : «Ce pays n’existe pas. Il ne produit rien, les gens n’ont pas l’habitude de travailler. C’est comme une mauvaise photocopie. Comme à Taïwan, on copie tout : les films, le sexe. Le Liban est un pays du tiers-monde.» Lui était bien né, le 1er janvier 1956, fils de la légendaire diva du Moyen-Orient, Fayrouz, et du non moins totémique compositeur Assi Rahbani, qui forma avec son frère une paire d’as qui domina la scène musicale d’avant la guerre civile. C’est donc tout naturellement que le gamin, pas même adulte, fera très tôt ses premières gammes sur le piano, signant dès 1973 une première chanson pour sa mère, Sa’alouni Al Nass, alors que son père est dans le coma. Ce ne sera pas la dernière : toute sa carrière sera
Libération