Nelly Arcan, l’écrivaine qui écrivait sur les rapports de domination pour ses semblables « inaptes à l’entendre »

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La romancière canadienne Nelly Arcan prise le 31 août 2004 à Paris sur le plateau de l'émission littéraire « Vol de Nuit », diffusée par TF1. MAXIMILIEN LAMY / AFP
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Critique Des années avant #MeToo, l’écrivaine québécoise disséquait dans ses autofictions la façon dont les femmes se soumettent aux hommes. L’autrice s’est suicidée en 2009. Elle avait 36 ans. Johanne Rigoulot lui consacre un livre entre la biographie et l’essai. ★★☆☆☆
Pour aller plus loin
De Nelly Arcan, il n’est longtemps resté qu’une image : une beauté spectaculaire au chignon blond hitchcockien, aux yeux bleu glacier et au décolleté Tex Avery. Un pur fantasme, que son passé d’escorte rendait plus affriolant encore, devenu triste fantôme. L’écrivaine québécoise, autrice de « Putain » et de « Folle », s’est suicidée en 2009. Elle avait 36 ans. Incomprise sûrement. Vue (et humiliée par Ardisson à la télé) mais trop peu entendue. Comme le note Johanne Rigoulot, qui lui consacre un livre entre la biographie et l’essai : « Nelly Arcan a écrit pour un monde immature, un monde où même ses semblables étaient inaptes à l’entendre, encore mobilisées à courir en stilettos. Personne n’aime les oiseaux de mauvais augure. Même morts. »
Des années avant #MeToo, en pleine ère du porno chic triomphant, Arcan disséquait dans ses autofictions les rapports de domination, la façon dont les femmes, ployant sous les injonctions, se soumettent aux hommes. Le tout dans une langue crue, éprouvante. Ses mots portent aujourd’hui plus que jamais, transmis par d’autres dans un sororal passage de témoin. La chanteuse Pomme lui a consacré sa chanson « Nelly », Camille Laurens lui a dédié son ro…
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