Sélectionner la langue

French

Down Icon

Sélectionnez un pays

France

Down Icon

Œuvres insolites dans les villes et les villages : où et qui sont « les inspirés du bord des routes » en Nouvelle-Aquitaine ?

Œuvres insolites dans les villes et les villages : où et qui sont « les inspirés du bord des routes » en Nouvelle-Aquitaine ?

La région pourrait abriter plusieurs centaines de sites originaux créés par des habitants paysagistes, ces artistes autodidactes pris d’une frénésie créatrice à la manière du facteur Cheval. Un appel inédit est lancé pour les identifier.

Par Fabien Paillot
Autodidacte, Gabriel Albert pratiquait sans même le savoir un art brut et spontané, à l'instar du palais idéal du facteur Cheval à Hauterives et de la maison Picassiette de Raymond Isidore à Chartres. Pour recenser tous les autres créateurs, la région lance un appel. LP/Fabien Paillot

Certains les surnomment depuis les années 1970 « les inspirés du bord des routes », d’après un livre de Jacques Lacarrière. D’autres préfèrent le titre plus officiel d’habitants paysagistes. Partout en France se dressent dans les villes et villages les œuvres touchantes et excentriques d’artistes autodidactes pris – souvent sur le tard – d’une frénésie créatrice à la manière du célèbre Palais idéal du facteur Cheval (Drôme) et de son art naïf.

Rien qu’en Charente-Maritime peuvent être comptabilisés la Maison du pêcheur de Jean Palin située à Bourcefranc-le-Chapus et couverte de faïences et de coquillages, la Maison de la gaieté d’Ismaël Villéger et ses incroyables mosaïques à Chérac ou encore les Jardins de Gabriel Albert, auteur de 420 statues et bustes en ciment armé à Nantillé.

Ces créations ne représentent que la face immergée de l’iceberg. La région Nouvelle-Aquitaine lance ainsi un appel inédit pour cartographier ces lieux insolites et identifier ces créateurs ayant transformé leur espace domestique en une œuvre d’art à part entière. Une carte a été mise en ligne pour effectuer cet « inventaire participatif » et transmettre cet héritage.

« Près d’une quarantaine de sites y figure déjà. Mais contrairement à l’ex-région Poitou-Charentes, le Limousin et l’ex-Aquitaine ont été peu défrichés. Dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques, je n’en connais presque aucun, c’est troublant, presque une anomalie. Au total, il doit exister plusieurs centaines de sites dans la région », assure Yann Ourry, le médiateur du patrimoine de la région Nouvelle-Aquitaine qui s’est pris de passion pour ces créateurs anonymes.

« La plupart ont des origines populaires, modestes, et ont exercé des métiers manuels. Sauf exception, tous ont commencé à la retraite, comme pour entamer une deuxième vie, et ne possèdent aucune formation artistique », détaille Yann Ourry.

Art brut, art naïf, art singulier ? Qu’importe ces dénominations scientifiques : « Les habitants paysagistes n’emploient pas ces termes, ils ont juste envie de créer », sourit le médiateur avant de détailler les critères pour figurer dans cet inventaire. « Le côté créatif est primordial. Collectionner les nains de jardin, même s’il y en a plein, ça n’est pas un acte artistique. La personne doit avoir créé de ses mains avec une certaine idée d’accumulation, d’occupation de l’espace », souligne-t-il.

Yann Ourry vient justement de découvrir un nouveau site à Chaniers, près de Saintes, grâce au témoignage d’un particulier. Un retraité décédé en 2022 y a façonné près de 200 statues d’animaux – lions, cerfs, cigognes – dans l’anonymat le plus complet. « Ces habitants paysagistes sont partout et peu considérés. C’est pour cela que nous avons besoin de l’aide de la population », résume Yann Ourry.

Le Parisien

Le Parisien

Nouvelles similaires

Toutes les actualités
Animated ArrowAnimated ArrowAnimated Arrow