Sélection albums : Célestine Galli-Marié, Julius Reubke, Matt Berninger, Turnstile, Théodora, Naïssam Jalal

- Hommage à Célestine Galli-MariéRebelleAirs et extraits orchestraux d’œuvres de Ferdinand Poise, d’Ambroise Thomas, de Georges Bizet, de Louis Deffès, de Jacques Offenbach, de Victor Massé, d’Ernest Guiraud, d’Emile Paladilhe, de Jules Massenet, d’Albert Grisar et de Jules Cohen. Eva Zaïcik (mezzo-soprano), Orchestre national de Lille, Pierre Dumoussaud (direction).
Et Célestine Galli-Marié (1837-1905) créa Carmen. La mezzo-soprano française incarna, en effet, pour la première fois, le 3 mars 1875, il y a juste un siècle et demi, la célèbre héroïne de Bizet sur la scène d’un Opéra-Comique où elle imposait, depuis 1862, un art que l’on disait « singulier » – mélange de charme, de fantaisie et de puissant magnétisme. Lui rendre hommage s’imposait. Ce à quoi s’emploie, avec talent et probité, Eva Zaïcik, dont l’album pioche dans le répertoire méconnu de sa devancière, encouragée et soutenue par le chercheur d’or musical qu’est le Palazzetto Bru Zane. Si la Habanera et la Séguedille de Carmen figurent naturellement au menu, la chanteuse convainc totalement dans des rôles qui vont de l’opéra au vaudeville, de l’opéra-comique à l’opérette et la chanson. En témoignent deux magnifiques extraits du Mignon, d’Ambroise Thomas, et des airs issus du Fantasio ou du Robinson Crusoé, d’Offenbach. Mais aussi des raretés, comme la chanson de Colombine dans La Surprise de l’amour, de Ferdinand Poise, et la chanson bohémienne de Fior d’Aliza, de Victor Massé, émule d’Halévy à l’instar de Louis Deffès, dont l’on découvre un extrait des Noces de Fernande. Accompagnée avec moult contrastes et délicatesse par Pierre Dumoussaud à la tête de l’Orchestre national de Lille, la mezzo prouve qu’elle chante en digne héritière d’une époque où la scène lyrique n’était pas seulement une question de couleur vocale, mais de théâtre et de tempérament. Ce dont Eva Zaïcik, la « rebelle », ne manque assurément pas. Marie-Aude Roux
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Le Monde