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Un festival pour plonger dans "la poésie vivante" à Tourtour

Un festival pour plonger dans "la poésie vivante" à Tourtour

"La poésie nourrit l’esprit. On a besoin d’elle. Au même titre que l’art en général." Si définir la poésie n’est pas chose aisée, Stéphanie Ferrat, poète, peintre, et co-organisatrice du festival de poésie de Tourtour a sa petite idée sur la question. "La poésie est à la fois le parent pauvre de la littérature – dans le sens où elle a moins de succès que d’autres registres –, mais elle est aussi, peut-être, son noyau le plus dur, sa base."

De la poésie, née aussi, parfois, de la magie. Une émotion. "Dans l’intervalle entre les mots qui s’entrechoquent émerge quelque chose, image-t-elle. C’est difficile de l’expliquer. Mais parfois, quand on lit de la poésie, les mots trébuchent. Ils nous bouleversent, nous interrogent, nous questionnent. Pour moi la poésie, c’est quelque chose de vivant, qui tremble, qui vibre. Un peu comme dans la vie en général: on tremble, on vibre, quand on a des émotions. On se sent alors vivant. Même si on ne comprend pas toujours ces émotions. Comme on ne comprend pas toujours ce qui nous fait vibrer dans la poésie."

Des lectures musicales seront également au programme. photoS DR.
La genèse du festival

Cette poésie "vivante", c’est bien ce que les organisateurs du festival entendent valoriser, démocratiser, avec des lectures en pagaille, des expos, de la musique. Et bien d’autres choses. Une aventure née il y a quatre ans déjà.

Lors d’un séjour à Lodève (34), Stéphanie assiste au festival de poésie Les Voix de la Méditerranée. "J’ai alors eu cette idée un peu folle... Je me suis dit qu’à Tourtour, il y avait du potentiel pour organiser un événement de ce type." Du potentiel, parce que le village est un bel écrin, "ni trop grand, ni trop petit". Parfait pour mettre en place un festival à dimension humaine, dans une configuration intimiste. Quelque chose qui favorise l’échange, la création de liens entre public et auteurs. Une formule qui invite à la rencontre, qui favorise l’accès à la culture. "Notre souhait est de toucher les visiteurs. Mais aussi d’amener vers la poésie ceux qui pourraient se mettre des barrières. Car parfois, la poésie fait peur. Certains n’osent pas franchir le pas. Se refusent de la côtoyer, parce qu’ils pensent faussement qu’elle ne leur est pas accessible..."

L’envie de créer un tel festival naît aussi d’un constat: les lieux de diffusion de poésie ne courent pas les rues. "Je n’en connais pas beaucoup en Dracénie ni dans le département d’ailleurs." Pour changer la donne, l’idée dans les tiroirs, Stéphanie Ferrat se rapproche alors de François Heusbourg, poète et éditeur, qui dirige les éditions Unes (1). "Je lui ai demandé si le projet l’intéressait. Et il a tout de suite été partant." Depuis, les deux organisateurs, épaulés par leur petite équipe, font grandir le festival d’année en année, à grand renfort d’huile de coude et de système D. Et même d’une toute première subvention de 5.000 euros allouée par le Conseil régional. De fil en aiguille, une dynamique s’est installée autour de l’événement. Le bouche-à-oreille fonctionne. Des auteurs originaires des quatre coins de l’Europe se passent le mot et répondent positivement aux invitations. Une vraie émulation est en marche.

Poésie, musique, peinture...

Cette année, le festival prendra encore un peu plus d’ampleur. "On monte en puissance, avec une quinzaine d’auteurs attendus". À chaque édition, parmi les plumes invitées, le festival accueille des poètes étrangers, à l’image cette année de l’Irlandais Geoffrey Squires. "Lui est quasiment bilingue. Sa poésie est très simple. On y retrouve des observations de paysages, des déambulations, dans un style profond et calme", décrit Stéphanie.

L’un des fondamentaux du festival, c’est aussi de mélanger les générations d’auteurs. "Cela nous tient à cœur. Pour montrer encore un peu plus que la poésie est bel et bien vivante." Pour casser cette image un peu vieillotte qui peut lui coller à la peau. Ce sera notamment le cas avec la poète chypriote Marie Roumégas, 22 ans, qui sort tout juste son premier ouvrage. "Elle a grandi entre la Corse, la Crète, et Chypre. Je dirais que sa poésie est presque naïve, dans la simplicité." Et puis des auteurs plus reconnus seront également au programme. À l’image d’Esther Tellermann. "La grande poète française multiprimée, avec le prix François-Coppée de l’Académie française, le prix Max-Jacob, ou encore le prix Louise-Labé. C’est une grande dame, Pour moi, sa poésie est classieuse. Elle me fait penser à du velours. Elle aborde beaucoup la question de l’autre, de façon masquée ou détournée."

Notons également la présence de Dorothée Volut, installée à Artignosc. "Un vrai coup de cœur. Ce qu’elle véhicule est vraiment très beau." Trois jours durant, ces auteurs s’installeront au détour d’une ruelle ou d’une placette, à l’ombre d’un platane, pour des lectures intimistes. "Tous liront pendant 15 à 20 minutes des passages de leur choix. On passera d’un lieu à l’autre, sans qu’il n’y ait de lectures simultanées. Cette année, on proposera aussi des lectures à deux voix, avec deux poètes l’un après l’autre, pour insuffler une autre dynamique, une autre énergie." Mais au-delà des lectures, la poésie s’exprimera de bien des manières. Via une exposition de peinture notamment. "On invite toujours des peintres qui ont un lien avec le livre." Mais aussi au travers de la musique, "avec notamment un apéro-chaises longues et des lectures accompagnées par le pianiste soliste Benjamin Muller. Ou un concert de Saxophonus, groupe de musiques improvisées qui réunit trois saxophonistes, le samedi soir. Là encore, avec un lien avec les mots, probablement une lecture de notre parrain, poète et écrivain, Bernard Chambaz."

À noter également un atelier d’écriture, proposé par Ludovic Degroote, "en plein air au bord du canal, à l’ombre des chênes, près du vieux lavoir. Pour se concentrer sur le processus de création, et aborder la poésie autrement."

Les enfants seront aussi partie prenante du festival. Notamment via un travail scolaire réalisé en amont. "Ils liront leurs poèmes écrits au cours d’ateliers animés par l’association Remarque. Et leurs créations seront exposées à la bibliothèque municipale."

Un joli programme pour voyager dans l’imaginaire. Échanger, créer du lien. "De ces rencontres naît toujours quelque chose...", assure Stéphanie. On la croit bien volontiers.

1. Aujourd’hui installées à Nice, les éditions Unes ont été fondées à Draguignan, en 1981, par Jean-Pierre Sintive.

Var-Matin

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