Vigneulles-lès-Hattonchâtel. Hattonchâtel : une perle accrochée à son éperon

De la terrasse aménagée en belvédère à l’arrière de la mairie, la vue est superbe. « D’ici, on peut voir toute la Woëvre que domine la Côte de Meuse. En face, c’est la butte de Montsec. On voyait même les immeubles du Haut du Lièvre de Nancy ». Christophe Leblan, maire délégué d’Hattonchâtel se fait volontiers géographe pour lire le paysage qui se déploie à nos pieds. « Et on nous voie de très loin ! ». On comprend pourquoi avant l’an Mil, les évêques de Verdun avaient choisi ce promontoire pour y construire une forteresse qui dominait ainsi la plaine et surveillait la route de Metz.
« C’est le château qui a donné naissance au village. Il a été régulièrement renforcé avant d’être démantelé en 1634 par les troupes françaises sur ordre de Richelieu.
La résidence rebâtie sur ses ruines fut à son tour en grande partie détruite, comme le reste du village par des bombardements d’abord en 1914 puis en septembre 1918 ».
Hattonchâtel aurait pu être un des nombreux villages de la Reconstruction. Une Américaine Belle Skinner, qui voulait soutenir la Reconstruction, décida d’adopter ce village et finança sa reconstruction. Aujourd’hui, on la retrouve à tous les coins de rue ou presque : le lavoir, la mairie et l’école, et bien sûr le château ont bénéficié de toute son attention : reconstruit dans un style médiéval revisité. Morte prématurément, l’Américaine philanthropique ne verra jamais l’achèvement des travaux dans ce village où elle prévoyait de passer une partie de l’année.
Son héritage a permis à Hattonchâtel de participer à l’émission de Stéphane Bern, « Le village préféré des Français » terminant à très honorable cinquième place. Une balade dans Hattonchâtel suffit à comprendre pourquoi. Les architectes, français et américains, suivant ses instructions, ont créé des bâtiments originaux. S’ils ont été longtemps regardés avec une pointe de condescendance, sont aujourd’hui très photographiés. A l’exemple du château où, l’architecte a remployé de nombreux éléments anciens pour le reconstruire sans oublier de lui accoler une grange au style très normand. Si la porte surmontée de ses bretèches semble infranchissable, elle s’ouvre aujourd’hui sur une vaste esplanade dominant la plaine.
Ayant rejoint le réseau des « Beaux villages Lorrains », Hattonchâtel soigne son image. Depuis longtemps, tous les réseaux aériens ont été enterrés. Les jardiniers de la commune de Vigneulles, dont fait partie le village de Hattonchâtel, et des équipes de bénévoles du village, travaillent à son fleurissement. « Nous sommes tous très attachés à ce village. Belle Skinner aussi qui aimait dire qu’elle se sentait chez elle » explique Christophe Leblan.
Vendredi soir, alors que sonnait l’angélus, les promeneurs avaient déserté les rues d’Hattonchâtel. Le café-brocante avait rangé ses tables, ne passaient que les clients qui rejoignent l’hôtel du château. C’est peut-être la meilleure heure pour découvrir Hattonchâtel…
L'Est Républicain