Vitesse, bilan, origine… Ce que l’on sait de l’incendie historique de l’Aude

Voici ce que l’on sait de ce feu qui a fait un mort et 23 blessés, et de son caractère inédit :
Le feu est parti vers 16 h 15 mardi sur la commune de Ribaute, à une quarantaine de kilomètres à équidistance entre Narbonne et Carcassonne. Les pompiers sont intervenus en moins de sept minutes et ont mobilisé la quasi-totalité du dispositif aérien français qui a immédiatement effectué des rotations dans le ciel audois et ce, jusqu’à la tombée de la nuit.
Malgré un dispositif « colossal » de plus de 2 000 pompiers, selon la préfecture, le massif des Corbières s’est embrasé « au grand galop », rapporte Bruno Zubieta, élu de Villesèque-des-Corbières : la zone parcourue par le feu est passée de 50 à 4 000 hectares en cinq heures, pour atteindre 17 000 hectares en à peine plus de 48 heures.
Météo-France avait placé l’Aude en vigilance rouge pour le risque « très élevé » d’incendies.
Sous l’effet conjugué de la tramontane, un vent sec et chaud, soufflant en rafales à 50 km/h, de la sécheresse de la végétation, dont le taux d’humidité était inférieur à 30 %, et de températures supérieures à 30 degrés, le feu a atteint « une vitesse de propagation de 1 000 hectares par heure », selon le colonel Christophe Magny, chef du service d’incendie et de secours de l’Aude.
Jusqu’à ce que le vent se calme et tourne, mercredi après-midi, les flammes se sont déplacées à la vitesse « incroyable » de 5 à 6 km/h, explique l’agroclimatologue Serge Zaka.
Constitué de montagnes et de monts, le massif des Corbières, transition entre le massif Central et les Pyrénées, a un relief escarpé difficile pour les opérations des pompiers.
Selon l’expert Serge Zaka, ce type de relief peut créer un « effet cheminée », l’air chaud monte rapidement, créant « un courant d’air vertical qui accélère la combustion et aspire les flammes vers le haut », favorisant leur montée sur les crêtes où elles sont attisées par le vent. Il crée une « inflammation plus précoce » et un « échauffement plus rapide » des végétaux, dit-il, d’autant que les résineux et la garrigue des Corbières constituent déjà un combustible naturel puissant.
Son impact sur la population localeAu premier jour, une femme de 65 ans a été retrouvée morte dans sa maison qu’elle avait refusé de quitter. Au total, la préfecture a décompté 23 blessés vendredi : cinq habitants hospitalisés, dont un grièvement brûlé, et 18 pompiers, dont un dans un état grave.
L’autoroute France-Espagne a été fermée toute une nuit. Au moins 2 000 personnes ont été évacuées des villages sinistrés au premier jour du feu, la plupart n’ont pu regagner leur domicile que vendredi. Jusqu’à 5 000 foyers ont été privés d’électricité en raison de pylônes et poteaux brûlés ou effondrés.
Dans cette région viticole, le préfet de l’Aude Christian Pouget a évalué « de 800 à 900 hectares » les vignobles perdus. Quelque 80 % des vignes de trois villages viticoles « sont totalement ou partiellement brûlées », engendrant des pertes énormes pour les vignerons, selon le directeur de la cave coopérative de Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse.
Un incendie hors norme« Catastrophe d’une ampleur inédite », selon le Premier ministre François Bayrou, l’incendie est le pire depuis au moins 50 ans sur le pourtour méditerranéen français, selon la Base de données gouvernementale des incendies de forêt en France (BDIFF) qui répertorie depuis 1973 la surface totale parcourue par les flammes.
Souvent, les grands feux sont des additions de plusieurs incendies. Mais dans l’Aude, un seul et même départ de feu a brûlé 13 000 hectares, selon la sécurité civile. « C’est plus que la commune de Paris », a souligné le colonel Magny.
Fixé jeudi vers 20 heures, c’est aussi le plus gros incendie de l’été 2025 à ce stade, dans l’Hexagone.
Fin juillet, à la moitié de la saison estivale et avant que celui-ci ne se déclenche, la Sécurité civile avait comptabilisé plus de 15 000 hectares brûlés sur le territoire national pour 9 000 départs de feu, principalement sur le littoral méditerranéen.
D’après les premiers éléments de l’enquête conduite par la gendarmerie, l’incendie a démarré sur le bord de la route départementale 212 bordée d’herbes sèches et de broussailles, qui relie Ribaute à Lagrasse, en plein cœur des Corbières.
SudOuest