Yves Bonnefoy en 1987 : « La poésie, c’est ce qui nous délivre du rêve »

Propos recueillis par Maurice Olender
Publié le , mis à jour le
Yves Bonnefoy, à Paris en 1988. ANDERSEN ULF/SIPA
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Entretien Le poète et traducteur Yves Bonnefoy (mort en 2016) explique dans cet entretien érudit comment le langage poétique intensifie l’expérience du monde.
Pour aller plus loin
En couronnant Yves Bonnefoy le 14 septembre, le jury Goncourt va choisir la consécration et non pas la découverte. Professeur au Collège de France, après Paul Valéry et Roland Barthes, il est sans doute, avec René Char, le poète vivant le plus connu et le plus reconnu. Dans la leçon inaugurale de sa chaire d’Etudes comparées de la Fonction poétique, il s’interrogeait : « N’est-il pas imprudent de confier à qui pratique la poésie, et même s’il sait le prix de la réflexion scientifique, l’analyse de l’acte même qu’il est en train d’accomplir ? » Une contradiction fort bien surmontée car la création et la critique cohabitent sans drame dans son œuvre. Et sans doute même s’enrichissent réciproquement. Passionné par les mythes et les religions – il a dirigé une centaine de chercheurs pour réaliser le monumental « Dictionnaire des mythologies » (Flammarion, 1981) –, mais également amoureux de la nature, grand connaisseur de la poésie contemporaine, Yves Bonnefoy s’entretient ici avec Maurice Olender
Depuis que vous enseignez au Collège de France, vous menez une existence à deux temps.Yves Bonnefoy C’est vrai, et cela ne va pas sans quelques problèmes. La parole qui vise à expliquer est d’abord une explicitation de ses propres mots ; elle porte au plan de la notion partageable ce qui est caché dans leurs profondeurs, en somme elle se dépense – tandis que celle qui veut se faire poème est une accumulation des données les plus furtives ou même…
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