Zimmerbach. Conférence-débat : des économistes auscultent le travail

Benjamin Huin-Morales, énarque et maire de Zimmerbach, aime bien, deux à trois fois par an, organiser des conférences sur des sujets de société. « Nous ne rebâtirons pas notre pays sans rétablir la valeur travail. Je crois en une France montante, qui a envie de gagner sa vie, de s’élever et, par là même, d’élever notre pays. »
La soirée s’articulera autour du travail, de la retraite, du ressenti politique, ajoute le maire également animateur de la soirée. « Il sera question de la manière de valoriser le travail ».
Pour débattre de ce sujet hautement d’actualité, il a invité Antoine Foucher, ancien directeur de cabinet de la ministre du Travail et de l’Emploi Muriel Pénicaud, de 2017 à 2020 et auteur du livre Sortir du travail qui ne paie plus. À ses côtés, débattront Paul-Armand Veillon et Louis de Crevoisier.
Ces économistes et conseillers ministériels ont fait paraître l’essai Repartir du réel-Economie : la parole aux classes moyennes ! Nous les avons joints par téléphone.
Antoine Foucher n’y va pas par quatre chemins. Il préconise un « big bang » qui passe par un important allégement des cotisations sociales et une augmentation nette des rémunérations de 25 % les cinq prochaines années. « Le problème, pour la première fois depuis 1945, c’est que la majorité des gens qui travaillent n’améliorent plus leur niveau de vie. » Cela fait quinze ans que cela dure, un laps de temps trop important à ses yeux pour que le phénomène ne soit qu’une parenthèse.
« Sur 100 euros gagnés, les salariés n’en gardent que 54. » L’essayiste propose de porter la question devant les électeurs au travers d’un référendum. « On continue ou on arrête ? Si on arrête, pour avoir un travail qui paie et une protection sociale, il faut solliciter un peu moins ceux qui travaillent et beaucoup plus les rentiers, les retraités les plus élevés, et les héritiers les plus chanceux. » L’insuffisance de la rémunération du travail est ressentie par les politiques de tous bords et il trouve cela encourageant.
« Nous avons écrit un livre d’économie, mais destiné au grand public. » Louis de Crevoisier déclare avoir voulu apporter des réponses aux questions que se pose la classe moyenne. En termes de sécurité économique, de cadre de vie et d’ascension sociale. Paul-Armand Veillon et lui se sont appuyés sur les cahiers de doléances parus en 2019.
« Il y a eu des avancées sur l’emploi, le mode de vie, les transports. Pour ce qui est de l’ascension sociale, l’on attend des réponses suffisantes. » Les auteurs veulent « mettre le travail au cœur du projet ». Ils proposent ainsi l’instauration d’un « bouclier salarial », un moyen, selon eux, de grimper socialement tour en gardant ses aides sociales.
Pour le financement du système social, ils prônent un rééquilibrage. « Il faut exploiter d’autres sources de richesse comme la taxation des holdings et la TVA sociale. Si l’on ne fait rien, la France deviendra une société d’héritiers. »
Vendredi 27 juin, à 19 h, salle du Hohnack, Zimmerbach - Verre de l’amitié offert par la commune. Entrée libre, sur réservations (obligatoires) jusqu’au 24 juin au 03 89 71 10 14 ou [email protected]
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