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"J’ai connu l’époque des grands maraîchages dans la plaine du Var, le peu qu’il en reste doit être sauvé": la Métropole met 2ha à disposition pour aider les futurs maraîchers à se lancer

"J’ai connu l’époque des grands maraîchages dans la plaine du Var, le peu qu’il en reste doit être sauvé": la Métropole met 2ha à disposition pour aider les futurs maraîchers à se lancer

Le décor campagnard est à la fois anachronique et porteur d’avenir.

Sur un terrain miraculé s’étalant à Nice Lingostière, les accents paysans d’une maison agricole, régnant au milieu d’un champ en friche, dénotent dans le siècle. Mais redonnent espoir.

Alors que la plaine du Var, ancien grenier de Nice, n’a cessé, depuis 60 ans, d’être transformée en décharge ou ensevelie sous le béton, ces deux hectares encore fertiles accueilleront à l’automne un binôme de futurs maraîchers bio (les candidatures (1) sont acceptées jusqu’au 31 août).

Présenté aux médias fin juin, ce "lieu test", situé au 528 rue Marcel Vissian, a été préempté pour 2,8 millions d’euros (2) par la Métropole Nice Côte d’Azur, qui l’a pensé comme "un incubateur pour agriculteurs en formation souhaitant expérimenter leur activité dans des conditions réelles, avec un accompagnement sur mesure et des infrastructures mis à disposition."

Pour une durée d’un an renouvelable deux fois, les prochains occupants bénéficieront ainsi de tout le nécessaire pour se lancer: tracteur flambant neuf, hangar équipé d’une chambre froide, appartements de fonction dans une villa, 500m2 de serres, 7.000m2 de plein champ irrigué... "Sans oublier le coup de pouce de la Chambre d’Agriculture", sourit son président, Michel Dessus. Enthousiaste, il "attend des profils très motivés mais pas forcément très expérimentés. On demande a minima d’avoir un diplôme en lien avec l’agriculture, ou d’avoir passé six mois en maraîchage. Quant à la production bio, on s’occupe des compléments de formation." Au total, ce sont treize partenaires locaux qui s’associent au projet pour en assurer la réussite.

De quoi faire jubiler Christian Estrosi, président de l’intercommunalité et maire de Nice: "Créer des emplois locaux, non délocalisables, c’est crucial pour le moyen et haut pays. C’est aussi un enjeu de proximité alimentaire. Voilà pourquoi nous ferons tout pour garder ces agriculteurs sur la Métropole, une fois leur période d’incubation terminée."

Mais où s’installeront-ils sur un territoire en proie à la pression immobilière? "Dans la plaine du Var, il y a 271 hectares de friches agricoles pouvant être réhabilitées", note Camille Nicols, cheffe du service agriculture de la Métropole. "Ces parcelles sont majoritairement privées et leur acquisition prend du temps et de l’argent. Depuis 2019, nous avons gagné 23% de zones agricoles (soit 5.900 hectares pour un budget de 18 millions d’euros investis dans le secteur)." Encore faudra-t-il trouver des candidats pour les occuper: entre 2012 et 2024, la Métropole a perdu 25% de ses exploitations agricoles.

Une jeune maraîchère de Castagniers comme voisine

Être jeune agriculteur dans la plaine du Var, qu’est-ce que ça veut dire concrètement? Les futurs maraîchers de "l’incubateur" pourront directement poser la question à leur voisine. Carole Spinelli vient de planter ses premières tomates sur son nouveau terrain. La quadragénaire ayant fait ses armes à Castagniers, où elle cultive toujours quelques parcelles, a bénéficié du précieux soutien de la Métropole Nice Côte d’Azur pour s’installer en février.

Il y a deux ans encore, les 8.600m² de terres fertiles, équipées de 3.000m² de serres dans le quartier de Lingostière, devaient accueillir les gravats d’une entreprise de BTP. C’était sans compter sur la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer), qui a pu préempter in extremis. Le site a ensuite été cédé pour 877.000 euros à l’intercommunalité (qui a attribué quatre terrains à des agriculteurs: deux sur Nice, un à la Gaude et un à la Roquette-sur-Var).

Avec ce bail rural agricole (neuf ans reconductible), Carole Spinelli peut enfin voir plus grand: "Face à la demande grandissante, je venais rapidement à court de stock. Maintenant, j’ai le potentiel pour augmenter mes ventes en direct ou en magasin. À terme, j’aimerais aussi faire des agrumes."

Un vaste programme qui exige une détermination à toute épreuve: "L’été, la journée commence à 4h, à la fraîche. Souvent, ce qu’on récolte doit être vendu sous 48h, c’est un flux très tendu. Et dire qu’il y a plus de dix ans, je bossais dans un bureau... Je ne vais pas me plaindre." Son franc sourire se propage bientôt sur le visage de son mari, Jean-Luc, et de sa tante Monique. À 73 ans, la retraitée se devait de prendre part à l’aventure: "J’ai connu l’époque des grands maraîchages dans la plaine du Var. Le peu qu’il en reste doit être sauvé."

1. Candidater par mail: [email protected]

2. Subventions: 1,4 million euros dans le cadre du Plan France Relance et 700.000 euros par le Département. La Métropole a aussi investi 350.000 euros en aménagement et 220.000 euros en matériel agricole.

Nice Matin

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