A huit jours de sa probable chute, Bayrou ne veut rien lâcher


Le Premier ministre François Bayrou à Matignon dimanche
François Bayrou a estimé dimanche, lors d’un entretien accordé à la télévision, que la «question» en jeu lors du vote de confiance envers son gouvernement, le 8 septembre, n’était pas «le destin du Premier ministre», mais celle du «destin de la France».
«Si le gouvernement tombe, comme (les oppositions) le souhaitent, comme ils l’annoncent (...) eh bien ça veut dire qu’on changera de politique. On abandonnera ou on abandonnerait la politique, pour moi vitale pour le pays», pour une «autre» politique «plus laxiste», «plus à la dérive», a plaidé le Premier ministre français. En poste depuis décembre, François Bayrou va engager la responsabilité de son gouvernement sur le désendettement de la France et le cap budgétaire à fixer pour 2026, lors d’un vote de confiance à l’Assemblée nationale, le 8 septembre.
La gauche et l’extrême droite ont martelé qu’elles voteraient contre la confiance, rendant quasi inéluctable la chute de M. Bayrou, dont le gouvernement est issu d’une coalition entre le centre et la droite.
Pour le Premier ministre, cet entretien accordé à quatre chaînes d’information en continu n’est «sûrement pas un au revoir», alors que le premier secrétaire du parti socialiste, Olivier Faure, a déclaré plus tôt «irrévocable» la décision des socialistes de refuser la confiance, ajoutant qu’il était temps pour le chef du gouvernement de dire «au revoir». «Olivier Faure, qu’est-ce qu’il veut? Il veut être à Matignon», a balayé M. Bayrou.
«Je pense précisément que les jours qui vont venir sont cruciaux». Et «si vous imaginez que je peux abandonner les combats que je mène, que je mène ici, que je menais avant, depuis des années, et que je continuerai à mener après, vous vous trompez», a insisté le centriste, qui s’est présenté à trois reprises à l’élection présidentielle. «La quasi-totalité des Français sait parfaitement qu’un pays endetté, c’est un pays qui n’a plus sa souveraineté, qui n’a plus la liberté», a martelé le chef du gouvernement.
Le vote du 8 septembre ouvre une nouvelle période d’incertitude, avec Emmanuel Macron en première ligne, dans un contexte social éruptif. Le président, sommé par les extrêmes de démissionner ou de dissoudre l’Assemblée nationale, va sans doute devoir dans l’immédiat se mettre en quête d’un nouveau Premier ministre.
Le président français a redit vendredi à Toulon (sud) son soutien à François Bayrou, qui «a raison de mettre en responsabilité les forces politiques et parlementaires» face à la situation budgétaire peu reluisante du pays.
«La France a besoin d’un budget dans les temps», face à une situation financière qui n’est «pas critique, mais tout de même préoccupante», a rappelé pour sa part dimanche le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici.
L’instabilité politique actuelle, inédite sous la Ve République française, proclamée en 1958 pour justement en finir avec la valse des gouvernements, a été déclenchée par la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 par Emmanuel Macron.
Le Premier ministre, François Bayrou, a balayé dimanche les propositions budgétaires du Parti socialiste, estimant lors d’une interview avec les quatre chaînes d’information en continu que «ça veut dire qu’on ne fait rien» pour réduire la dette.
Le PS, qui se dit volontaire pour prendre la suite de M. Bayrou à Matignon, après sa chute probable lors d’un vote de confiance le 8 septembre, a mis sur la table samedi ses grandes pistes budgétaires. Les socialistes proposent notamment de réduire le déficit de 21,7 milliards d’euros en 2026, environ deux fois moins que les 44 milliards mis sur la table par le gouvernement.
20 Minutes