A La Seyne, le fret ferroviaire s’installe sur les quais de Brégaillon

Même si elles n’emploient pas forcément le mot de décarbonation, c’est bel et bien le processus en marche sur le port de commerce de Brégaillon que décrivent Laurence Neid, en charge du développement commercial et marketing du port à la Chambre de Commerce et d’Industrie du Var, et Françoise Comte, détachée de SNCF Réseau comme responsable de solutions multimodales.
Car après plusieurs expériences ponctuelles de transfert de marchandises du train vers la mer, grâce aux rails reliant la gare de La Seyne aux quais du port de commerce de Brégaillon, c’est un train régulier qui, depuis un mois, achemine une fois par semaine une vingtaine de wagons. Ces derniers transportent 220 à 240 voitures en provenance de l’usine Stellantis de Mulhouse, afin d’embarquer ensuite sur un bateau, direction les pays du pourtour méditerranéen.
"C’est l’aboutissement des actions de prospection conduites par la CCI auprès de potentiels clients, après trois ans pour rétablir cette ligne; d’abord, la remise en état en 2021 puis le raccordement au réseau en 2022 et enfin, l’accueil du premier train, transportant des canalisations pour les besoins d’un chantier local, en 2023", rappelle le tandem. En l’occurrence, l’entreprise Tas, spécialisée dans l’export de véhicules neufs, basée sur place, assure la logistique du transfert des voitures depuis le rail vers le bateau, tandis que la société DB Cargo pilote une partie du plan de transport, en s’appuyant sur la filiale de la SNCF Hexafret.
"Nous accompagnons les clients potentiels pour monter les trains, car il faut charger aux bons horaires pour s’assurer que les deux sites, au départ et à l’arrivée, sont en capacité de traiter la marchandise", souligne Françoise Comte. Le train hebdomadaire part ainsi le mercredi d’Alsace pour arriver le vendredi à La Seyne, où les agents de la CCI doivent être présents sur son trajet dans la ville, notamment aux emplacements des passages à niveau, pour fluidifier la circulation. "Nos agents sont formés pour cela", souligne Laurence Neid.
Axe MersD’autant que la CCI compte bien développer encore ce trafic rail-mer en faisant la promotion du site de Brégaillon dans des salons notamment. "Aujourd’hui, aucun port ne se développe s’il n’a pas du flux maritime ferroviaire. cela s’inscrit de surcroît dans l’axe Mers (Méditerranée-Rhône-Saône)", précise le tandem. Le site seynois s’attend en outre également à une montée en puissance du trafic lié à l’activité de défense. "Le fait d’accueillir des liaisons régulières peut décider les transporteurs à laisser des moyens ferroviaires sur place, par exemple du matériel de traction."
Le port de Brégaillon reçoit par ailleurs toujours par voie maritime des cargaisons de silicate pour le cimentier Vicat et de biomasse à destination de la centrale GazelEnergie de Gardanne dont l’activité monte en puissance depuis la signature, avec l’État, en novembre dernier, d’un contrat d’achat d’électricité.
Var-Matin