Algues vertes et mort d'un joggeur : à quel point la Bretagne est-elle envahie ?

L'État va devoir indemniser la famille d'un joggeur mort en 2016 dans une vasière envahie par les algues vertes dans l'embouchure du Gouessant (Côtes-d'Armor). Neuf ans après, franceinfo fait le point sur la présence de ces algues potentiellement mortelles dans la région.
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La cour administrative d'appel de Nantes a condamné mardi 24 juin l'État à indemniser la famille d'un joggeur mort en 2016 dans une vasière envahie par des algues vertes, à l'embouchure du Gouessant (Côtes-d'Armor), dans la baie de Saint-Brieuc. La cour "retient la responsabilité pour faute de l'État, en raison de ses carences dans la mise en oeuvre de la réglementation européenne et nationale destinée à protéger les eaux de toute pollution d'origine agricole", explique-t-elle dans un communiqué.
Pour la première fois, la justice reconnait donc le lien entre le décès d'un humain et ces algues rejeté par l'élevage industriel. D'après la cour, Jean-René Auffray, âgé de 50 ans et adepte du trail, retrouvé mort à Hillion le 8 septembre 2016, dans la vase de l'estuaire du Gouessant, qui se jette dans la baie de Saint-Brieuc, a été intoxiqué par ces algues, qui dégagent un gaz toxique en se décomposant.
L'État devra verser 277 000 euros à l'épouse du joggeur, assortie d'intérêts, 15 000 euros à chacun des trois enfants de la victime et 9 000 euros à son frère.
Mais ces algues continuent de proliférer sur les côtes bretonnes. Ces dernières semaines, 600 hectares de ces côtes étaient recouvertes d'algues vertes, soit l'équivalent de 800 terrains de football, d'après le Centre d'étude et de valorisation des algues. Elles se sont davantage multipliées que d'habitude, après des mois particulièrement ensoleillés sur la Bretagne, la lumière stimulant leur croissance.
Les baies de Saint-Brieuc, Douarnenez et Saint-Michel-en-Grève concentrent l'immense majorité du problème, mais la situation va certainement s'améliorer cet été. En effet, comme le débit des cours d'eau est faible, après des pluies plus rares que d'habitude, ils apportent moins de nitrates des élevages jusqu'aux côtes. Cela devrait faire nettement reculer les algues vertes.
Globalement, la quantité d'algues vertes a tendance à baisser ces dernières années. Une tendance fragile, avec de très bonnes années, d'autres beaucoup moins, selon la météo. Par exemple l'an dernier, les observateurs ont comptabilisé un quart d'algues vertes en moins par rapport à la moyenne des 25 dernières années.
C'est grâce à la chute de moitié de la concentration de nitrates dans les cours d'eau bretons depuis les années 2000, selon le Centre d'étude et de valorisation des algues. Mais ces algues empoisonnent toujours la vie de milliers de riverains et de promeneurs, dans la baie de Saint-Brieuc notamment, ou elles restent très nombreuses, chaque année.
Francetvinfo