Au Royaume-Uni, le gouvernement travailliste renationalise les chemins de fer

La compagnie South Western Railway, qui dessert la banlieue de Londres, est repassée ce dimanche dans le giron de l’État. Le gouvernement prévoit de nationaliser tous les opérateurs ferroviaires d’ici 2027 : un “tournant majeur”, selon la presse britannique.
Le premier train à arborer le nouveau logo “Great British Railways” (GBR) en lettres blanches sur fond bleu est parti ce matin à 5 h 36 de la gare de Woking, dans la banlieue sud de Londres, rapporte la BBC. Selon la ministre Transports Heidi Alexander, l’événement marque le début d’une “nouvelle ère” pour les chemins de fer britanniques, qui devraient désormais “être gérés dans l’intérêt des passagers, et non des actionnaires”.
La South Western Railway (SWR), qui exploite environ 1 600 trains par jour circulant entre plus de 200 gares et Waterloo-Station, l’une des principales gares de voyageurs de la capitale, est devenue la première compagnie ferroviaire britannique à être renationalisée, conformément à une promesse électorale du Parti travailliste. Le gouvernement de Keir Starmer s’est engagé à faire de même pour tous les autres opérateurs du rail d’ici 2027.
“Nous allons avancer avec confiance vers un nouvel avenir pour les chemins de fer”, proclame Heidi Alexander. En attendant, “en raison de travaux d’ingénierie”, une partie du trajet a dû être effectuée ce matin dans un bus de remplacement, précise le site de la chaîne Sky News.
“Il n’y aura pas de miracle”, prévient The Times. Les travaillistes se sont engagés à réparer le réseau “défaillant”, mais “la solution ne sera pas immédiate”. Le mois dernier, South Western Railway signalait qu’environ 28 % de ses trains étaient retardés et que 4 % avaient dû être annulés. Il n’y a aucune raison pour qu’un changement majeur se produise dans l’immédiat. “Mais si l’on s’y prend correctement, le processus en vaut la peine”, estime Henri Murison, directeur du Northern Powerhouse Partnership, un groupe de réflexion qui a pour objectif de dynamiser l’économie du nord de la Grande-Bretagne.
Depuis la privatisation des opérateurs, dans les années 1990, les usagers britanniques doivent subir retards à répétition, réductions de service et problèmes d’horaires. “Tout le monde sait que la privatisation […] n’a pas fonctionné”, commente Mick Whelan, secrétaire général du syndicat des conducteurs de trains Aslef. L’autre syndicat du rail britannique, le RMT, a lui aussi salué la nationalisation de SWR tout en regrettant que le nettoyage et la sécurité restent confiés à des sous-traitants.
À terme, tous les opérateurs devraient être regroupés au sein d’un vaste organisme public, chargé à la fois des infrastructures et des services aux usagers. En attendant, c’est le ministère des Transports lui-même qui assurera la gestion des compagnies nationalisées. “Il faudra du temps pour réparer des décennies de fragmentation, a reconnu la ministre Heidi Alexander, mais la transformation culturelle a commencé : nous passons d’un système conçu autour de contrats commerciaux à un système fondé sur des valeurs de service public.”
Le Financial Times prévoit pour sa part un démarrage “compliqué” pour le nouveau service public. Depuis la fin de pandémie, les annulations ont atteint le plus haut niveau jamais enregistré, “en grande partie à cause du manque de conducteurs”. Quant aux recettes, elles restent inférieures d’environ 20 % aux niveaux d’avant la pandémie, du fait de la désaffection des voyageurs. Enfin, sur les 90 nouveaux trains Arterio qui auraient dû être livrés à First Group, qui détenait depuis 2017 le contrat d’exploitation de la franchise SWR, seuls cinq l’ont été.
Du côté du gouvernement, on assure que les trains ne pourront pas arborer le logo Great British Railways tant qu’ils ne répondront pas à des normes strictes. “Même s’ils sont nationalisés, ils devront mériter le droit de porter ce nom.”
Courrier International