Bagages cabines surfacturés : sept compagnies aériennes attaquées pour «pratiques commerciales illégales»
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Parmi les multiples stress et frais imprévus causés par un passage dans un aéroport figure depuis plusieurs années la taille des bagages à main. Certaines compagnies ont décidé de réduire les tailles autorisées, et des «valises cabines» deviennent trop grandes pour être autorisées sans frais dans les… cabines. Ce mercredi 21 mai, une quinzaine d’assos de consommateurs, dont UFC-Que Choisir et CLCV (l’Association nationale de consommateurs et usagers) pour la France, attaquent sept compagnies aériennes. Sont visés par cette plainte auprès de la DGCCRF et de la Commission européenne : Easyjet, Norvegian, Ryanair, Transavia, Volotea, Vueling, Wizzair.
UFC-Que Choisir liste quelques exemples. «Pour un bagage à main dit de grande taille», Easyjet applique près de 43 euros, Volotea 23 euros par trajet, Ryanair 36 euros… La politique de bagages de ce dernier affirme, selon l’asso, «que les prix appliqués varient selon la distance du vol»… «Surtout, les dimensions des “petits” ou “grands” bagages admis à bord sont particulièrement hétérogènes d’une compagnie à l’autre, poursuit UFC-Que Choisir. Et certaines compagnies aériennes n’hésitent pas à facturer aux malheureux passagers dont les bagages ne respecteraient pas leurs dimensions, des frais qui peuvent s’élever jusqu’à 280 euros (politique bagage Vueling).»
Or ces pratiques sont florissantes pour les compagnies aériennes. Selon une enquête publiée par le Corriere della Serra la semaine dernière, les voyageurs ont dépensé plus de 10 milliards d’euros en 2024 «pour emporter un bagage à roulettes à bord des vols low-cost en Europe en plus d’un sac à dos ou d’un sac à main». Le journal italien estime notamment que 120 bagages à main transportés dans un vol coûtent 156 euros de plus en kérosène à la compagnie. En face, la vente de ces options, pour un tarif moyen de 25 euros par voyageur, rapporterait 3 000 euros à l’entreprise, soit un bénéfice net de 2 844 euros par vol.
Et le Corriere della Serra d’ajouter : «Non seulement il s’agit de la plus grande source de revenus parmi les services payants des entreprises, mais c’est également l’un des éléments avec les marges bénéficiaires les plus élevées du secteur. […] Et cela ne prend pas en compte les revenus enregistrés à partir du paiement à la porte d’embarquement après avoir subi des contrôles supplémentaires.»
Les associations de consommateurs demandent donc à la Commission et à des institutions nationales en charge de la consommation et des fraudes «d’intervenir pour qu’une enquête soit diligentée à l’échelle de l’UE et que les pratiques commerciales illégales des compagnies aériennes soient sanctionnées». Elles s’appuient sur une jurisprudence de la Cour de justice de l’UE qui a jugé en 2014 que «le transport de bagages à main ne peut pas être soumis à un supplément de prix, à condition qu’il réponde à des exigences raisonnables en termes de poids et de dimensions et qu’il soit conforme aux exigences de sécurité applicables». Et notamment de rappeler qu’en novembre, l’Espagne a infligé un total de 179 millions d’euros d’amendes à cinq compagnies aériennes (Ryanair, Vueling, EasyJet, Volotea et Norwegian), accusées de pratiques abusives, notamment dans la facturation des bagages à main des passagers. Les trois premières avaient respectivement écopé d’un montant de 107,7 millions, 39,3 millions et 29,1 millions d’euros.
En Espagne toujours, Air Journal a rapporté mardi 20 mai qu’un tribunal à Salamanque avait exigé le remboursement par Ryanair à un passager qui s’était vu facturé près de 150 euros pour des bagages à main lors de cinq vols, entre 2019 et 2024. «Le jugement souligne que les bagages à main sont essentiels au voyage aérien et ne devraient pas être soumis à des frais supplémentaires», précise le média spécialisé.
«Cette action concertée intervient alors que se tiennent en ce moment les débats autour de la révision du règlement sur les droits des passagers aériens, rappelle UFC-Que Choisir. Cette dernière est l’occasion idéale pour l’UE de clarifier les services qui devraient être inclus dans le prix de base du billet, et clarifier les règles en matière de bagages notamment la “taille et le poids raisonnables” des bagages à main.» Rappelons qu’en prenant un TGV Inoui de la SNCF ou un Frecciarossa de Trenialia, en plus d’être infiniment moins polluant ou de permettre de partir et d’arriver en centre-ville, le voyageur peut prendre deux grandes valises et un bagage à main sans supplément.
Libération