Bateaux au Cap Ferret : « Près de 10 % des corps-morts de France sont sur la presqu’île », les places sont chères

La commune compte cet été 2 800 corps-morts au fil de sa façade intra-Bassin, de Claouey au Mimbeau avec 450 personnes en liste d’attente. La gestion déléguée se termine en 2026
Ils sont un paysage à part entière de la presqu’île du Cap Ferret, jalonnant sa quasi-totalité côté Bassin. Un total de 2 800 bouées cet été, comme autant de pointillés flottant sur 20 kilomètres le long du rivage. Mouillage ou corps-mort : un gros flotteur relié à une « pierre » (petit bloc de béton) enfouie dans le sable par une chaîne de 8 à 14 mètres, un ensemble doté d’un fouet et d’un autre petit flotteur pour sécuriser l’amarrage du bateau des professionnels et de nombreux plaisanciers. Ces 2 800 bouées sont réparties dans quatre catégories suivant la taille des bateaux, 80 % d’entre eux faisant cinq à huit mètres pour une puissance entre 100 et 200 CV.
Béton des mouillages, anti-fooling des bateaux, moteurs thermiques pour 70 % d’entre eux : les corps-morts sont un gros vecteur économique de tourisme, et de bien-être des plaisanciers mais aussi un enjeu environnemental sensible. La gestion de ces « places de parking sur l’eau » très prisées (450 personnes en liste d’attente) est l’apanage de la commune, via une convention de délégation de quinze ans par l’État, et qui se termine à la fin de l’année – la consultation des acteurs est en cours.
« À l’époque, on comptait 3 350 corps-morts et, dans le cadre du schéma de mise en valeur de la mer, une réduction à 2 800 était en effet imposée, mais cela prévoyait un port à sec de 500 places à Jane-de-Boy, port qui ne se fera pas », contextualise le maire Philippe de Gonneville, et de rappeler que « près de 10 % des corps-morts de France sont sur la presqu’île ».

Y. D.
Pressée néanmoins par la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) de réduire à 2 800 le nombre de mouillages, la Ville y est enfin parvenue à quelques mois de la fin de sa délégation qu’elle espère renouveler pour dix ans. « Le maintien de l’activité nautique est fondamental », ajoute l’élu. « Nous aimerions revenir à un effectif de 3 000 à 3 200 corps-morts à terme, plus adapté à la demande. Je rappelle qu’ils préservent du mouillage sauvage. » Et d’assurer des cautions environnementales comme la réduction de 50 euros aux propriétaires de bateaux électriques et voiliers ou la disposition de 575 « corps-morts écologiques » (avec un bout en nylon Kevlar qui ne racle pas le fond comme la chaîne) sur les premières lignes des zones en 2025 (1).

Archives Patrice Bouscarrut
Les mouillages de la presqu’île sont installés pendant huit mois chaque année, et au pôle maritime du Canon, trois agents orchestrent leur utilisation. Environ 2 500 d’entre eux sont attribués à des titulaires de forfait grande saison (du 1er mars au 31 octobre) à 720 euros (2), ou petite saison (du 15 juin au 15 septembre) à 660 euros, les 300 autres dits « de passage » permettent une souplesse sur des temps plus courts, de la journée à deux mois, les forfaits juin-juillet ou août-septembre s’affichant à 650 euros.
« Comme dans un hôtel »« Des titulaires nous préviennent aussi de l’absence de leur bateau sur certaines périodes », indique Pierre Riboulet, responsable du pôle. « Ce qui nous permet de les proposer. Comme pour un hôtel avec ses chambres, nous essayons que les mouillages soient utilisés au maximum. » Le 30 juillet, il a notamment trouvé preneur sur la semaine du 2 au 8 août. « Aux 450 personnes de la liste d’attente cette année, 339 ont répondu favorablement à des propositions de corps-mort de passage. » Sur des périodes certes plus courtes que demandées.

Y. D.
« Il faut en moyenne deux à trois ans de corps-mort de passage pour devenir titulaire », affirme Pierre Riboulet face au cliché des « vingt ans d’attente ». Et réfute les récurrents soupçons de favoritisme. « La commission d’attribution priorise d’abord les résidents principaux puis les résidents secondaires et enfin les non-résidents. » Dans ces trois catégories, l’ancienneté de la demande est aussi prise en compte.

Y. D.
(1) Un investissement d’environ 400 000 euros de l’État et 100 000 euros de la commune.
(2) Prix concernant 80 % des bateaux (entre 5 et 8 mètres et entre 100 et 200 CV)
SudOuest