Budget 2026 : les oppositions menacent de censure le gouvernement Bayrou, la macronie salue un «moment de courage»
Des oppositions vent debout qui brandissent la menace d’une censure, la macronie qui salue «un moment de courage» : les réactions ont rapidement afflué après l’annonce par le Premier ministre, François Bayrou, de mesures d’économies pour réduire le déficit public ce mardi 15 juillet.
Le chef des insoumis, Jean-Luc Mélenchon, n’y est pas allé par quatre chemins : «Faire payer le grand nombre pour épargner les très riches […] Attention nous approchons du point de non-retour. Les destructions et les injustices ne doivent plus être acceptées. Il est urgent de mettre un terme à la macronie. Il faut faire partir Bayrou.» Et sa camarade Mathilde Panot d’abonder : «Bayrou déclare la guerre sociale. Suppression de 2 jours fériés, non-remplacement d’1 fonctionnaire sur 3, déremboursement des médicaments, attaque sur l’assurance chômage, sur les arrêts maladie, privatisations […]. Nous censurerons cette politique de malheur !»
Eric Coquerel, le président LFI de la commission des finances à l’Assemblée nationale, y est aussi allé au bazooka à la sortie de la conférence du Premier ministre : «C’est un musée des horreurs néolibérales, une déclaration de guerre au monde du travail. C’est une catastrophe sociale et économique qu’il faut censurer au plus tôt.»
L’ex-insoumis François Ruffin ne mâche pas non plus ses mots à l’égard du plan d’économies de François Bayrou : «C’est une année noire qu’annonce Bayrou. Budgets gelés, malades ciblés, patrimoine de l’Etat soldé, retraités visés, précaires fragilisés, jours fériés sacrifiés… Mais quoi sur les dividendes records ? Les grandes fortunes ? Les Gafam ? Rien. Pas d’effort acceptable sans justice […]. Ce sera la censure bien sûr.»
Pour Ian Brossat, conseiller de Paris PCF, même constat : «Ce n’est pas un budget, c’est une purge. Quarante années de vie politique à rien faire et Bayrou explique aux Français qu’ils vont devoir cravacher plus sans rien y gagner.» Et même interrogation : «Quand est-ce qu’il dégage ?»
La patronne des Ecologistes, Marine Tondelier, est quant à elle revenue sur la proposition de supprimer des jours fériés, dont celui du 8 mai : «François Bayrou propose donc que le 8 Mai, qui commémore la victoire contre le nazisme, ne soit plus férié. On doit le comprendre comment exactement ?»
Le premier secrétaire du PS avertit ce mardi soir : «Sur les bases actuelles, la seule perspective possible est la censure.» Le chef des députés socialistes, Boris Vallaud, a pour sa part déploré : «Demander toujours plus à ceux qui ont peu… et si peu à ceux qui ont beaucoup n’est ni sérieux ni efficace ni juste. Un budget brutal et inacceptable.»
Pour la cheffe de file des députés RN, Marine Le Pen, «ce gouvernement préfère s’en prendre aux Français, les travailleurs et les retraités, plutôt que de faire la chasse aux gaspillages.» Et de menacer : «Si François Bayrou ne revoit pas sa copie, nous le censurerons.»
Dans le viseur du président du parti d’extrême droite, Jordan Bardella, la volonté du Premier ministre de s’attaquer aux jours fériés : «La suppression de deux jours fériés, par ailleurs aussi chargés de sens que le lundi de Pâques et le 8-mai, est une attaque directe contre notre histoire, contre nos racines, et contre la France du travail. Aucun député RN n’acceptera cette mesure, qui relève de la provocation.»
L’UDR Eric Ciotti, allié du RN, voit rouge : «Du sang et des larmes pour les Français, la dolce vita pour l’Etat obèse […]. On fait payer aux Français les incuries de la classe politique, sans aucune économie sérieuse sur l’immigration ni sur la dépense publique !»
Le Modem Marc Fesneau salue un «moment de vérité. Un moment de courage. Un plan global, aux efforts répartis avec justice et justesse […]. C’est désormais à nous tous, citoyens, engagés, responsables publics d’être à la hauteur du moment».
Ils se sont donné le mot. Hervé Marseille, de l’UDI, évoque également le «courage» du Premier ministre «d’avoir un discours de vérité. C’est maintenant l’heure des choix, chacun doit pouvoir contribuer à sa juste part. Il reviendra au Parlement d’agir avec responsabilité».
Le président LR du conseil régional des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, déplore : «Une nouvelle fois, ce sont surtout les classes moyennes qui seront mises à contribution alors même que c’est par leur mobilisation et leur puissance de travail que le pays peut s’en sortir : un contresens de plus !»
Libération