Budget 2026 : les plus aisés devront-ils, aussi, se serrer la ceinture ?

Juste ou pas ? C’est la question essentielle à se poser après la présentation mardi, par François Bayrou, des mesures devant permettre de trouver 43,8 milliards pour engager le pays dans la voie de la réduction de sa dette. Le Premier ministre, lors de son intervention, a insisté sur le fait que les efforts demandés aux Français, et ils sont plus que conséquents, ne seraient acceptés que s’ils étaient justement répartis. En clair, que le message sur l’impérieuse nécessité de se serrer la ceinture, martelé avec gravité, ne serait compris qu’à la condition d’être assorti d’un sentiment de justice sociale. Est-ce le cas ? Non.
Il est en effet frappant de constater que si le Premier ministre a souvent été assez précis dans les coups de rabots qui toucheront l’ensemble des Français, et qui pénaliseront donc proportionnellement davantage les plus modestes, le flou demeure quant aux mesures censées mettre à contribution les catégories plus aisées, voire les très riches. La contribution de solidarité des plus hauts revenus ? La lutte contre les niches fiscales ? L’imprécision domine. De la même manière, en réclamant de la main gauche une énième réouverture de discussions sur l’assurance chômage, mais en laissant sa main droite dans sa poche sur la question de l’effort demandé aux entreprises, et notamment aux très grands groupes, il a malheureusement donné l’impression d’un deux poids deux mesures. Bien sûr, il y a chez François Bayrou dans cet affichage une posture tactique. Il se laisse une marge de manœuvre pour discuter à la rentrée avec la gauche, et notamment avec les socialistes, pour rééquilibrer ses propositions dans le sens d’une plus grande justice sociale. Le pari est risqué.
Le Premier ministre aurait pu décider d’abattre d’entrée certaines cartes pour présenter un plan plus équilibré. Il aurait pu donner le sentiment d’être sincèrement préoccupé par une juste répartition des efforts. Il aurait pu mettre des actes derrière ses mots, sauf à penser que derrière sa posture tactique se cache une stratégie, et donc de vrais choix politiques.
Libération