Budget 2026 : Pierre Moscovici soutient le plan de Bayrou, jugeant qu’un «effort est nécessaire»

Que pense le premier président de la Cour des comptes du plan de François Bayrou pour redresser les finances publiques ? Selon Pierre Moscovici, il est nécessaire de ne pas reculer sur ce projet, bien que le gouvernement doive «tenir compte des demandes politiques des oppositions», affirme-t-il dans un entretien accordé au Parisien.
Dans cette interview, Pierre Moscovici assure que le diagnostic du Premier ministre, le même que celui de la Cour des comptes, est «juste» : «la France est surendettée». «Un effort est nécessaire, estime-t-il encore. Il est temps de se mettre sur une trajectoire budgétaire qui nous ramène en dessous de 3 % de déficit en 2029. Le plan du Premier ministre est un point d’entrée qui a le mérite d’être net et cohérent.»
Interrogé sur la justesse de ce plan d’effort budgétaire de 43,8 milliards d’euros, le premier président de la Cour des comptes explique que les mesures engagées devront être jugées à l’aune de trois points : «la répartition de l’effort entre les trois niveaux d’administration publique, l’Etat, les collectivités locales, la Sécurité sociale», «les économies en dépenses et la fiscalité», et «l’équité» entre les couches populaires, les classes moyennes et les plus fortunés.
Arguant que les dépenses des collectivités locales ont augmenté ces deux dernières années, tout comme celles de l’assurance maladie, Pierre Moscovici assure que l’Etat a, lui, «strictement maîtrisé ses dépenses». Quant à l’année blanche, il la juge «sans doute efficace financièrement», mais gare à ce que cela ne pèse pas davantage sur les revenus du bas de l’échelle, prévient-il auprès de nos confrères du Parisien. «Il faut que les Français soient conscients que nous aurons chaque année, durant quatre ou cinq ans, des choix difficiles à faire, donc des réformes pérennes, jusqu’à ce que l’on arrive à 2,8 % de déficit», met-il encore en garde.
Concernant les niches fiscales, «certaines sont effectivement obsolètes». Ainsi, au regard de la situation financière de la France, chaque dépense fiscale «devrait être limitée dans le temps et évaluée, indépendamment des intérêts particuliers qui se cachent derrière chaque niche», plaide Pierre Moscovici.
Les mesures d’économies espérées par le gouvernement auront nécessairement un impact sur la consommation, l’investissement et in fine sur la croissance. Mais, «ce qui compte, ce sont les réformes structurelles. C’est toute la différence entre l’austérité et le sérieux : la France a le choix entre un effort volontaire maintenant et l’austérité subie demain».
Pour cela, le premier président de la Cour des comptes souligne que les conditions des différentes forces politiques doivent être prises en compte, pour construire «une majorité de non-censure». Car en l’absence de majorité à l’Assemblée nationale, il n’y a pas de décision budgétaire possible sans compromis, avance-t-il.
Egalement questionné sur une éventuelle surveillance de la France par le Fonds monétaire international (FMI), Pierre Moscovici ne croit «pas nécessaire de faire peur avec la menace du FMI». «Les dangers qui nous menacent suffisent», comme «l’étranglement de l’action publique par l’excès de la charge de la dette» et «la dégradation de nos conditions de financement sur les marchés». La crainte doit, selon lui, plutôt porter sur un éventuel «accident financier».
Libération