Budget de la France : comment la Grèce, l'Espagne et l'Italie ont-elles réduit leur dette ?

Dans son discours de présentation des orientations budgétaires pour 2026, mardi, François Bayrou a comparé le déficit français à celui d'autres pays européens, passés par des périodes d'incertitudes financières importantes. Parmi elles, certaines ont inversé la tendance comme l'Italie, l'Espagne ou encore la Grèce.
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Pour justifier les coupes budgétaires drastiques prévues pour le budget 2026, François Bayrou a brandi le mauvais état des finances publiques en France, en le comparant aux autres pays européens, mardi 15 juillet.
Le déficit public français est effectivement le troisième plus élevé, après la Roumanie et la Pologne. D'autres nations européennes sont parvenues, ces dernières années, à réduire drastiquement leurs déficits, comme l'Espagne, la Grèce ou l'Italie.
L'Italie a divisé son déficit par deux en deux ans. Il est passé de 7% à 3,4% en 2024. Première explication : la fin du bonus écologique. Très coûteux pour les finances publiques, il permettait de rénover sa maison ou son appartement sans débourser un euro. Le gouvernement a donc instauré un reste à charge pour ces travaux énergétiques. Reste à charge payé par les ménages, ce qui soulage le budget italien. Autre source de revenu : la lutte contre la fraude, grâce à la généralisation des factures électroniques ; ainsi qu'une réforme des niches fiscales.
Mais la réduction du déficit italien vient d'abord des milliards d'euros d'argents européens. L'Italie est le plus grand bénéficiaire du plan de relance européen post-covid. Près de 200 milliards d'euros sur cinq ans, dont deux tiers de prêts, un tiers de subventions. De quoi dynamiser l'économie et augmenter les recettes fiscales.
Même phénomène en Espagne dont les grands travaux d'infrastructures sont également largement subventionnés par le plan de relance européen. À cela s'ajoute la forte croissance économique : +3% l'an dernier, le triple de la moyenne européenne. Croissance portée par l'immigration de travail. En 2024, près de la moitié des nouveaux emplois crées ont été occupés par un travailleur étranger, tandis que le chômage a continué de baisser.
Parmi les bons élèves de la classe européenne en matière de déficit, il y a aussi la Grèce. Le pays revient de loin, lui qui a été à deux doigts de se voir éjecter de la zone euro, il y a quinze ans, pour cause de déficits abyssaux.
Désormais, Athènes a redressé la barre. L'an dernier, l'Etat grec a même récolté davantage de recettes, qu'il n'a dépensé d'argent. Certes, le pays reste endetté, mais la confiance des investisseurs est revenue. Le pays est passé par des plans d'austérité successifs, avec coupes dans les pensions de retraite et les salaires des fonctionnaires, vente des ports et des aéroports, des prêts massifs du FMI et de l'Union européenne. Voilà qui limite l'exercice de la comparaison avec la situation française.
Depuis la pandémie, Athènes bénéficie également d'une fréquentation touristique record, ce qui fait bien sûr entrer de l'argent dans les caisses de l'Etat, tout comme la reprise de la consommation des ménages grecs. Le gouvernement a aussi dérégulé le droit du travail ; ce qui a rendu l'économie plus flexible, plus dynamique, au prix d'une précarisation accrue.
Francetvinfo