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« Ce sera une des meilleures années » : au Pays basque, comment se porte la cerise d’Itxassou ?

« Ce sera une des meilleures années » : au Pays basque, comment se porte la cerise d’Itxassou ?

À Itxassou, la récolte des cerises bat son plein en ce mois de juin 2025. Portée par une belle saison, la trentaine de producteurs regroupés autour de la marque Cerise d’Itxassou espère toujours décrocher une AOP

Une échelle à même l’écorce des fruitiers, et un panier en osier, accroché en bandoulière, qui la suit au milieu des vergers. À l’ombre des cerisiers d’Itxassou, devant les premiers plis Pyrénées, Maryse Cachenaut enchaîne les coups d’œil sur ses délicats petits fruits rouges.

Une à une, comme on scruterait des perles, voilà déjà 30 ans que cette productrice attend ces quelques semaines d’avant été pour récolter les cerises basques qui font la fierté du village. Entretenir, sélectionner, espérer aussi, « on reste sur des fruits fragiles », avertit l’exploitante. De la grêle, des vagues de froids… « Il y a toujours un risque tant que l’on n’a pas atteint la maturité des fruits. »

Une culture adaptée au Pays basque

Par chance cette année 2025, la saison de la cerise devrait bien se terminer pour les producteurs basques des 66 communes de la marque déposée « Cerise d’Itxassou ». « Ces dix dernières années, nous avons eu plus d’irrégularités au niveau de la météo. Plus d’années à faibles récoltes. C’était plus constant par exemple les 20 années d’avant », souligne l’agricultrice, qui parle déjà d’une « bonne année 2025 » : « Ce sera une des meilleures années ».

Autour de l’agricultrice cette matinée-là, trois générations de producteurs se relaient.
Autour de l’agricultrice cette matinée-là, trois générations de producteurs se relaient.

Bertrand Lapègue/SO

Pour cette productrice, qui valorise la quasi-totalité de ses fruits en confitures, une bonne récolte est également synonyme de pérennité. « Ça nous permet de faire d’avantage de stock. Avec la petite récolte de l’année dernière, nous n’avons plus de confitures pour fournir nos clients depuis le début de l’année », détaille celle qui est aussi la présidente de Xapata, l’association des producteurs des cerises d’Itxassou.

Trois variétés de cerises sont ainsi cultivées et « aopéables », parmi les huit regroupées sous le nom de cerise d’Itxassou : La Peloa (cerise pourpre à noire), la Xapata (cerise jaune à orangée) et la Beltxa (cerise noire). « Ce sont des variétés adaptées au climat d’ici. On parle de guignes, c’est très différent d’une bigarreau par exemple. Elles sont beaucoup plus petites. On ne peut pas faire de grosses cerises ici avec la pluie, sinon elles éclateraient. » Tout un savoir-faire.

Patrimoine culturel

Autour de l’agricultrice cette matinée-là, trois générations de producteurs se relaient dans cette GAEC familiale. « On récolte avec mon fils, mais mon père nous aide toujours un peu. Il continue le métier », concède Maryse Cachenaut, petit rictus en coin. Difficile d’ôter certains réflexes, surtout pour cette culture très ancrée dans le paysage basque.

Trois variétés de cerises sont ainsi cultivées : La Peloa, la Xapata et la Beltxa.
Trois variétés de cerises sont ainsi cultivées : La Peloa, la Xapata et la Beltxa.

Bertrand Lapègue/SO

« Au début du XXe siècle, jusque dans les années 1960, c’était l’apogée de la cerise ici […] Il s’agissait surtout d’un marché de cerises fraîches (non transformées en confitures, NDLR), qui partaient pour les grossistes bayonnais et dacquois. Il y avait aussi plus de monde dans les fermes. » Des familles plus nombreuses et des fermes pleines de bras, mais Maryse Cachenaut, continue de transmettre ce lien entre la cerise et le terroir basque. Elle croit d’ailleurs à l’avenir de la filière, qui s’inscrive dans un équilibre.

Une culture « économique », surtout quand les arbres ont quelques années, et qui demande selon elle « peu de foncier ». Mais l’agricultrice rappelle aussi que pour elle et ses collègues producteurs, la polyculture ou l’élevage restent indispensables. « De mon côté, je fais également de la brebis, c’est plutôt mon mari en ce moment qui prend le relais. »

Ce matin-là, Maryse Cachenaut désigne un petit bâtiment au fond du verger. « Les plus vieux arbres sont juste derrière. Cinquante ans pour certains. Chez des voisins, ils en ont qui frôlent les 80. » Déjà en 1860, Pierre Loti s’émerveillait dans ses mémoires de la « splendeur de jardins, de vergers, de buissons de roses, dans ce petit pays de cerisiers… » Plus d’un siècle plus tard, pas l’ombre des buissons de roses, mais des cerisiers perlés de rouge, et des producteurs en héritiers.

Les chemins de l’AOP Déposée il y a 30 ans, la marque Cerise d’Itxassou vise désormais l’obtention d’une AOP (Appellation d’Origine Protégée). « Nous voulons défendre un terroir adapté à nos variétés », explique Maryse Cachenaut, présidente de l’association Xapata. Le processus a été lancé fin 2023 avec le dépôt du dossier auprès de l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité), qui a validé l’entrée en phase d’étude en retenant la candidature. Une commission d’enquête spécifique a ensuite été ouverte pour examiner en détail le savoir-faire local et les particularités basques. « Pour certaines AOP, le processus prend trois ans, pour d’autres dix… On le comprend », reconnaît Maryse Cachenaut, qui rappelle le soutient de la CAPB et de la région Nouvelle-Aquitaine dans cette démarche.
SudOuest

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